Quelques banques centrales (Etats-Unis, BCE, Japon, Suisse) ont distribué récemment des liquidités sur les marchés par des appels d’offres. Cette politique monétaire est étrange car elle est contraire aux pratiques habituelles.
En effet, la politique monétaire des banques centrales a toujours consisté à intervenir sur les marchés par des achats et des vente de bons du Trésor qu’elles détiennent pour assurer la liquidité du système bancaire nécessaire à son fonctionnement normal.
Quand les banques commerciales vendent des bons du trésor à la banque centrale, elles reçoivent les liquidités qui leur sont nécessaires.
Quand les banques commerciales achètent des bons du trésor vendus par la banque centrale, les liquidités de ces banques commerciales diminuent.
La politique monétaire (open market policy) est la base de l’action d’une banque centrale pour réguler les liquidités… comme le rappelait Milton Friedman dans un de ses derniers articles publié dans le Wall Street Journal.
Or, les appels d’offres qui ont été lancés ne correspondent pas à ce type de politique monétaire. En effet, ces banques centrales ont prêté (et prêtent encore) des liquidités aux banques commerciales qui ont donné en garantie des bons du Trésor et d’autres titres pour une durée très réduite, de 1 à 3 jours seulement.
Ces mesures ne résolvent pas correctement les problèmes posés car les remboursements de ces prêts assèchent automatiquement et très rapidement les liquidités des banques commerciales, ce qui accentue finalement les désordres.
Ces banques centrales agissent très maladroitement. En effet, à certains moments, elles inondent les marchés d’un excès de liquidités qui a fait tomber les taux au jour le jour à 1 % aux Etats-Unis le vendredi 10 et à 0,05 % le mardi 14 au Japon ! Dans ces deux cas, ces taux sont loin des niveaux normaux.
Il aurait été plus sain et plus judicieux pour les banques centrales… de mener une politique monétaire classique en intervenant normalement et pertinemment sur les marchés par une politique monétaire orthodoxe de façon à assurer les besoins en liquidité des banques commerciales.
En voulant montrer qu’elles agissent, mais à contre sens, leurs dirigeants montrent finalement qu’ils ne maîtrisent pas la situation, ce qui est plutôt inquiétant.
En effet, au cours de ces dernières années, les banques centrales auraient dû mieux surveiller les banques commerciales qui ont distribué des crédits d’une façon aventureuse.
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Grâce à ce collapsus que j’annonçais, les taux commencent à revenir dans leur bande normale de 4 à 4,5 % dans laquelle ils fluctuaient de 2002 à 2005 : le 2 ans est déjà à 4,3 % et le 10 ans est à 4,7 %. Le taux neutre de la Fed est bien aux alentours de 4,25 %.
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Figure 1 : http://s3.archive-host.com/membres/up/2107676425/20070815US1FF2Y10Y06.gif
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Figure 2 : http://s3.archive-host.com/membres/up/2107676425/20070815US2FF2Y10Y02.gif
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Alan Greenspan avait raison de dire que les marchés corrigeraient… et qu’une récession s’annonce à cause des erreurs des politiques monétaires menées par les banques centrales !
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