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22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 10:59

Le temps des turbulences


Les derniers chiffres publiés hier par la Fed sont pires que ceux de la semaine précédente : les Américains ont augmenté leur épargne de $40 milliards par rapport à la semaine précédente, et surtout de $127 milliards sur les 4 dernières semaines finissant le 11 février.


C’est pire qu’au mois d’août dernier au plus fort de la crise du subprime.

C’est pire qu’après les attentats du 11 septembre 2001 : les Américains n’avaient alors augmenté leur épargne que de $50 milliards mais dans les semaines suivantes, ils avaient continué à dépenser leur argent normalement, ce qui a entretenu la croissance.


La principale préoccupation d’Alan Greenspan était alors de faire repartir l’économie américaine et il est intervenu vigoureusement dans ce sens.


Ben Bernanke ne réagit pas et cela pose un problème...


Soit il est incompétent et inconscient de la gravité de la situation qu’il a créée en maintenant le taux de la Fed trop haut trop longtemps (et le Wall Street Journal a déjà publié un article dans ce sens en passant en revue ses successeurs possibles !),


soit les Américains créent volontairement un choc dans le cadre de leur stratégie du désordre dont ils sortiront finalement vainqueurs (une récession aux Etats-Unis aura des répercussions importantes dans le monde et en particulier en France).


Le comportement des Américains a complètement changé à partir du collapsus du 21 janvier : avant cette date, ils dépensaient normalement leurs revenus, ce qui relançait la croissance mais depuis, ils dépensent moins et épargnent davantage, ce qui ralentit la croissance.

Si cette tendance se poursuit dans les semaines à venir, la croissance du PIB sera négative pour ce 1° trimestre par rapport au précédent.


M2-M1 augmente de 8,5 % d’une année sur l’autre, comme au pire moment du mois d’août dernier. La tendance du début du mois de janvier s’est complètement inversée,


Graphique 1 :
2008.02.22.US.1.M2M1.gif

 (cliquer ici pour agrandir le graphique)


Comme la croissance du PIB est inversement proportionnelle à la variation de la masse monétaire libre, cette croissance sera négative si le comportement des Américains ne change pas radicalement dans les semaines à venir,


Graphique 2 :
2008.02.22.US.2.FRM.gif

 (cliquer ici pour agrandir le graphique)


M2 augmente de 6,8 % d’une année sur l’autre, ce qui est beaucoup trop alors que l’augmentation était redevenue normale à 5 % avant le 21 janvier,


Graphique 3 :
2008.02.22.US.3.M2.gif

(cliquer ici pour agrandir le graphique)


Les Américains doivent impérativement dépenser davantage tout de suite pour que la croissance ne chute pas durablement,


Graphique 4 :
2008.02.22.US.4.FRM05.gif

(cliquer ici pour agrandir le graphique)


Alan Greenspan a fort justement observé que l’avenir sera différent du passé : les changements dans le comportement des Américains risquent de créer des turbulences très fortes qui seront très difficiles à gérer.


C’est le temps des turbulences, un livre à lire !

***

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commentaires

D
L'épargne massive n'est elle pas un rattrapage des excès du passé? Si cette situation permet de solder les investissements hasardeux du passé (subprimes, immobilier,...) et de repartir sur des bases saines, pourquoi la considérer comme une calamité? Mieux vaut une forte récession courte qu'une longue période d'inflation et d'instabilité. Reagan l'avait bien compris à son arrivée au pouvoir en 1980. Il fit monter fortement les taux. L'inflation fût stoppée brutalement et les années suivantes virent une croissance saine. Bernanke n'a pas de vision. Avec lui le dollar finirait comme le Mark des années 20.
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E
Suivant les phénomènes d’accélérations, (il me semble que c’est Aftalion qui la démontré)en fonctions des marketings gave, une croissance de 4 à 5 % dans un pays permet à des secteurs d’activités de progresser non pas de 4 à 5% par an mais de 35 à 50%, voire plus. C’est ce que les gens ont du mal à comprendre. Par contre cela marche dans l’autre sens et c’est bien cela qui est très dangereux pour une économie avec les phénomènes d’accélérations. Dans des économies qui décroissent de quelques pourcents, certains secteurs peuvent perdre 10, 20, 30% de volumes. C’est très puissant.
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N
Il y a une chose que je n'arrive pas a prévoir pour l'instant : dans quelle mesure le ralentissement de la croissance impactera les résultats des bénéfices. Peut-on établir une relation mathématique du type : "1 point de croissance en moins entraine une baisse de 10% des bénéfices des entreprises du CAC40" ?
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C
Aux Etats-Unis, la baisse de la croissance du PIB à 2,5 % en rythme annuel par rapport à l'optimum de 3,5 % a fait baisser les bénéfices de 20 % et les cours Les variations des bénéfices peuvent être très importantes
N
Si on s'intéresse aux intéractions entre la bourse et "l'économie réelle", il est intéressant de constater une chose : alors que le creux de croissance (correspondant au pic d'augmentation de M2-M1) avait été touché en décembre et que l'économie repartait correctement, c'est la baisse panique de la bourse qui a finalement déclenché la récession et non l'inverse !
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