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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 16:54

Margaret Thatcher / Keynes


Il est facile d’étudier les problèmes économiques à partir du cas des États-Unis car les données statistiques de base sont publiées sur de longues périodes et facilement téléchargeables, ce qui n’est pas le cas en Europe et au Royaume-Uni en particulier...


Ainsi, la Bank of England ne publie que les chiffres de M2 à partir de 1987, et ceux de M3 qu’à partir de 1992, et il est très difficile de trouver les séries voulues sur le site des statistiques officielles du gouvernement.


L’évolution de l’agrégat monétaire M2 depuis 1988 montre clairement la réussite de la politique menée par Margaret Thatcher : alors que l’augmentation de M2 était de 15 à 20 % (d’une année sur l’autre) encore en 1989, elle a réussi à la faire baisser dans les 3 % au début des années 90, mais ses successeurs ont laissé la situation se détériorer par la suite,

Graphique 1 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La fin des fonctions de Premier Ministre de Margaret Thatcher est marquée sur les graphiques par un gros point jaune, le début de celles de Tony Blair par un losange rouge.


Il a été très difficile de faire baisser l’augmentation de M2, mais ce fut déterminant car les équilibres monétaires fondamentaux ont enfin été rétablis, malheureusement à la fin des fonctions gouvernementales de Margaret Thatcher.


Par la suite, la tendance lourde est claire : la situation s’est détériorée et elle continue à se détériorer dangereusement,

Graphique 2 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


L’action de Margaret Thatcher a été efficace car elle a, à la fois, fait diminuer le rôle de l’État au profit du marché et joué sur la politique monétaire en coordination avec la BoE qui a relevé ses taux jusqu’à 15 %, comme Ronald Reagan l’avait fait précédemment avec Paul Volcker (par la suite, la situation s’est à nouveau dégradée avec plus d’État et des taux de la BoE trop accommodants),

Graphique 3 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Après l’éviction de Margaret Thatcher du gouvernement, l’augmentation de M3 a été beaucoup trop forte (du fait du laxisme de la BoE), supérieure à 10 % : dans les 12 à 14 % depuis 2003, largement au-dessus du taux de croissance du PIB réel,

Graphique 4 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


En fait, le plus important est l’évolution de la masse monétaire libre, c’est à dire la différence entre la variation de M3 et celle de la croissance du PIB réel.


En effet, cette croissance du PIB réel est inversement proportionnelle à la variation de la masse monétaire libre, le point d’équilibre (atteint au début des années 90 grâce à la politique de Margaret Thatcher) étant comme aux États-Unis aux alentours de 3,5 % : quand l’augmentation de la masse monétaire libre augmente au-dessus de cette limite, la croissance du PIB baisse en dessous de son potentiel optimal,

Graphique 5 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La forte croissance de 2006-2007 est un écart anormal dû à la forte croissance des États-Unis qui a entraîné avec elle celle du reste du monde.


La situation actuelle du Royaume-Uni présente donc beaucoup d’analogies avec celle de la fin des années 80 : l’augmentation de la masse monétaire est trop forte, ce qui provoque des déséquilibres fondamentaux qui se manifestent actuellement par un effondrement financier et la dégradation très forte de la situation d’un grand nombre d’établissements financiers.


Il faudrait donc adopter aujourd’hui le même type de politique que celle qu’a menée Margaret Thatcher : libéraliser l’économie, avec moins d’État, plus de marché, et augmenter le taux de base de la BoE (à 10 % ?),

Graphique 6 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Malheureusement, Gordon Brown mène une politique keynésienne à l’opposé de celle Margaret Thatcher (plus d’État, de très grandes banques sont nationalisées, les taux de la BoE sont bas à 3 %), ce qui va avoir des conséquences catastrophiques.


Comme le rappellent fort judicieusement les économistes de Work For All dans un article,
Leçons du crash de 1929 et de la grande Dépression, cliquer ici pour le lire,
une crise majeure comme celle de 1929 provient des mauvaises politiques adoptées à la suite d’un choc.

 

Ce n’est pas l’effondrement financier qui provoque une crise, mais les hommes politiques et les banques centrales qui la provoquent par leurs mauvaises décisions, de type keynésien.


Les crises financières comme celles qui se produisent depuis 2007 ne sont que des crises au sens Schumpétérien, c’est à dire une destruction créatrice : les établissements financiers mal gérés disparaissent pour laisser la place à ceux qui ont été bien gérés (ceux qui n’ont pas investi à tort et à travers, dans les sub-prime et à découvert dans les produits dérivés).


De telles crises ne sont que des passages salutaires d’un ancien paradigme à un nouveau car elles permettent d’augmenter la productivité, donc la richesse des nations et de leurs habitants.


Avec M1 représentant près de 80 % du PIB et M3 plus de 150 %, la situation du Royaume-Uni est hors normes (M1 est à 10 % du PIB aux États-Unis !).


Les déséquilibres sont fondamentaux alors que l’argent sain est le premier pilier de la réussite pour les Reaganomics, et pour Margaret Thatcher.


La tendance est mauvaise : les agrégats continuent à augmenter trop fortement, le Royaume-Uni est très proche de son point de rupture, cf. mon billet à ce sujet.

*


Remarques complémentaires…


Dans un pays où les déséquilibres (monétaires) sont fondamentaux, une croissance durablement faible soumise à un grand choc ne peut repartir qu’avec une baisse du rôle de l’État (donc du taux des prélèvements obligatoires, cf. les courbes d’Armey et de Laffer) et avec une hausse des taux de base décidée par la banque centrale pour faire baisser la masse monétaire en excédent.


Laisser faire les marchés, ou baisser les taux de base à des niveaux très bas, ne fait que faire perdurer les excédents des agrégats monétaires, donc les déséquilibres fondamentaux et une croissance faible inférieure à son potentiel optimal, comme au Japon.


Inversement, il ne sert à rien qu’une banque centrale augmente ses taux si le fonctionnement des marchés n’est pas rétabli.

***

 

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commentaires

L
A propos d'argent sain :<br /> <br /> http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2371
Répondre
C
<br /> <br /> Toujours la même chose... les Américains sont maintenant au plus profond du gouffre...<br /> <br /> <br /> Il ne faut pas confondre les sommes effectivement versées par l'Etat (cf mon billet sur leur affectation) et les garanties qui ne correspondent pas à des dépenses effectives<br /> <br /> <br /> <br />
J
"les agrégats continuent à augmenter trop fortement, le Royaume-Uni est très proche de son point de rupture"<br /> <br /> Qu'entendez-vous par point de rupture?
Répondre
C
<br /> Plouf !<br /> Cf mon billet précédent à ce sujet<br /> <br /> <br />
D
et moi qui croyais que le RU etait soit disant libéral, meme avec les travaillistes !<br /> <br /> enfin c'est du moins ce que nous repetent les journaleux a longueur de colonnes. Apres on pourra mettre sur le dos du libéralisme la faillite qui arrive !
Répondre
C
<br /> Encore et toujours ces journaleux...<br /> <br /> <br />