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20 janvier 2009 2 20 /01 /janvier /2009 11:25

Rationalité et irrationalité


Les éléphants anticipent très bien les tsunamis. Autre formulation : ils spéculent bien, contrairement à d’autres animaux, en particulier ceux de l’espèce humaine…


Il en est de même pour les marchés financiers : les bons spéculateurs, ceux qui ont vu loin et juste, qui ont bien anticipé l’évolution des marchés, ont acheté de l’or à $430 en août 2005 pour le revendre à $1 000 à la mi-mars 2008 (+ 130 % !) lors du retournement des marchés que j’avais alors bien identifié (c’était déjà pour les journaleux et les bonimenteurs la pire crise depuis celle des années 30, celle des sub-prime).


Ils ont acheté des Treasuries et en particulier des Notes à 10 ans quand les rendements étaient au plus haut à 5,30 % en juin 2007 (et les prix au plus bas) avant le collapsus que j’avais prédit depuis longtemps, pour les revendre quand les rendements étaient au plus bas à 2,06 % le 18 décembre 2008 (et les prix au plus haut) pour acheter des actions sous valorisées à haute rentabilité (EPR).


Les bons spéculateurs sont rationnels, les marchés ne le sont pas.


La destruction créatrice continue dans les banques américaines : leurs capitaux propres augmentent et leurs dettes baissent, leur multiplicateur d’endettement µ baisse encore à 10 ou en dessous alors que celui des banques françaises est encore et toujours à 34 et même à 44 pour la BNP d’après les rares informations disponibles.

Milliards, au 20/01

 

 

P

 

 

PER

 

 

Cap prop

 

 

Dettes

 

 

µ

 

 

JPMorgan

 

 

85,2

 

 

23,00

 

 

167,0

 

 

2 008

 

 

12,0

 

 

Wells Fargo

 

 

62,1

 

 

9,21

 

 

47,0

 

 

575

 

 

12,2

 

 

Bank of America

 

 

36,0

 

 

11,51

 

 

177,0

 

 

1 640

 

 

9,3

 

 

US Bancorp

 

 

32,1

 

 

9,19

 

 

21,7

 

 

225

 

 

10,4

 

 

Citigroup

 

 

19,1

 

 

 

150,8

 

 

1 794

 

 

11,9

 

 

BNP

 

 

24,1

 

 

 

40,0

 

 

1 761

 

 

44,0

 

 

Crédit Agricole

 

 

17,4

 

 

 

41,4

 

 

1 424

 

 

34,4

 

 

Société Générale

 

 

16,5

 

 

 

29,9

 

 

1 035

 

 

34,6

 

 


Les grandes banques américaines ne sont plus très grandes : seule JPMorgan a plus de $2 000 milliards de dettes totales, Citigroup vient d’être scindée.


En cas de défaillance de l’une d’elles, les risques sont faibles car elles sont relativement petites par rapport à l’économie américaine.


En France, un tsunami dévastateur peut se produire à tout moment à cause de l’hypertrophie de la masse monétaire, surtout avec des banques dont les comptes ne donnent pas une image fidèle de la réalité (elles cachent des cadavres) et avec des dettes totales qui dépassent le PIB pour la BNP et qui représentent 2,6 fois le PIB pour les 3 grandes.


Les éléphants ont senti venir ce tsunami : les bons spéculateurs ont délaissé ces valeurs bancaires et les bons du Trésor français dont les rendements continuent à augmenter par rapport aux bons de l’Allemagne et des États-Unis.


La BCE maintient la zone euro sous perfusion avec des taux relativement élevés par rapport à ceux de la Fed, car en les baissant à zéro, l’euro s’écroulerait par rapport au dollar, ce qui déclencherait certainement ce tsunami.


Avec une monnaie surévaluée en circulation en France, les entreprises ne peuvent plus être compétitives, surtout dans l’industrie.


Les plans successifs de Sarko & Co. ne servent à rien : c’est remplir un tonneau des Danaïdes.


Ce qu’ils voient, ce sont des aides à l’industrie, ce qu’ils ne voient pas, ce sont les dettes publiques qui s’accumulent alors qu’il faudrait diminuer le taux des prélèvements obligatoires et sortir de l’Euro-système pour relancer la croissance.


Les dirigeants américains sont rationnels, les Français dans l’irrationalité.

***


Lire mes billets précédents au sujet des banques, du 19 octobre 2008 au 5 novembre...



***

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commentaires

L
voila ce qui arrive quand on n'applique pas la juste valeur...l'exemple français sur le subprime... <br /> -------------------------<br /> SocGén, Crédit Agr exposés aux dépréciations CDO <br /> Date: 20/01/2009<br /> <br /> PARIS (Dow Jones)--Société Générale (13080.FR) et Crédit Agricole (4507.FR) sont les banques françaises les plus exposées à des dépréciations de leur portefeuille de CDO, estime Dresdner Kleinwort. La banque ajoute que BNP Paribas (13110.FR) a valorisé ses CDO "plus prudemment" et présente le risque le plus faible parmi les banques françaises...
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J
Voici un article de Newsweek, redige par Schmieding, directeur ecnomique de la Bank of America - que l'on peut difficilement soupconner de socialiste.<br /> http://www.newsweek.com/id/178822<br /> "the last model standing is France".<br /> <br /> Pouvez-vous dire si la bailout americain, vote par l'administration Bush est a l'origine du redressement ( ce qui implique que le Keynesianisme n'est pas a mettre au lacard); ou si ce n'etait que pour decorer (auquel les citoyens ont de quoi d'etre mecontents).<br /> <br /> En fait, j'ai du mal a suivre si c'est par principe que tout doit aller mal en Europe (et que l'on ne retient que ce qui est negatif), et par principe que la destruction creatrice est a l'oeuvre aux US-- ou s'il y a reellement de l'empirisme derrire cela. Pourquoi les banques americaines n'ont plus de morts dans les placards? Alors que les banques francaises disposent de plus de fonds venant des economies des particuliers?
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C
<br /> <br /> Cet article est à classer dans la catégorie "bonimenteurs" : ce ne sont que des mots, sans aucune référence aux données importantes, monétaires par exemple, cf. mes docs<br /> ... il serait bon que les auteurs des commentaires aient un minimum de connaissances sur ce qui se passe aux US dans les comptes des banques et la façon de les tenir, et en Europe<br /> <br /> <br /> <br />
C
Cocernant l'option irlandaise : UBS aurait isolé 60 milliards d'actifs toxiques. (31 milliards sûrs isolés pendant 8 ans).<br /> Les crédits pourris ont été sortis et placés chez BNS.<br /> Le modèle suisse donnerait-il des idées aux irlandais ?<br /> <br /> Je ne comprends pas qu'en France on traîne encore des boulets que l'on va se prendre en pleine face.
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J
Désolé M. Chevalier d'utiliser votre site pour essayer d'avoir des infos<br /> d'un de vos fidèles lecteurs dont vous semblez beaucoup apprécier les<br /> commentaires et informations .<br /> <br /> ce commentaire s'adresse à LUPUS<br /> <br /> Avez vous un site internet ? Travaillez vous dans la finance ?<br /> <br /> je crois vous avoir lu sur Canalblog forcast ???<br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> Jérome
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J
Merci pour ce billet instructif.<br /> <br /> En revanche je n'ai pas bien compris deux points:<br /> <br /> "En France, un tsunami dévastateur peut se produire à tout moment à cause de l’hypertrophie de la masse monétaire"<br /> <br /> J'ai conscience des dégâts que cause l'hypertrophie monétaire, mais je ne comprends pas en quoi ou plutôt comment elle peut engendrer rapidement un tsunami. Ce tsunami c'est bien un risque systémique?<br /> <br /> "La BCE maintient la zone euro sous perfusion avec des taux relativement élevés par rapport à ceux de la Fed, car en les baissant à zéro, l’euro s’écroulerait par rapport au dollar, ce qui déclencherait certainement ce tsunami."<br /> <br /> L'euro s'écroulerait d'accord, mais comment l'écroulement provoquerait-il le tsunami. Quel est le rapport, le lien entre les deux?
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