Rationalité et irrationalité (encore !)
Les marchés sont le lieu de rencontre de la rationalité et de l’irrationalité…
Les Américains travaillent : le taux de chômage de 7,6 % est certes élevé, mais il est normal compte tenu de la baisse de la croissance du PIB.
Il est inférieur aux pics de 1975 et du début des années 80 et il n’a rien à voir avec les taux de 25 % pendant la crise des années 30,
Graphique 1 :
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La croissance du PIB est en train de repartir comme le montre l’évolution des agrégats monétaires : les Américains recommencent à dépenser les dollars qu’ils gagnent en travaillant, ce qui fait repartir la croissance du PIB.
En effet, les Américains n’augmentent plus leur épargne de précaution comme le montre l’augmentation de M2-M1 qui… diminue d’un point haut (de 10,2 %) atteint juste avant l’investiture de Barack Obama le 19 janvier pour retomber à 9,1 % le 16 février, derniers chiffres publiés par la Fed,
Graphique 2 :
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L’augmentation de M2-M1 est sur une tendance lourde baissière après le point haut du 19 janvier.
Depuis que les statistiques existent, c’est à dire depuis plus de 50 ans, la croissance du PIB est inversement proportionnelle à la variation de la masse monétaire libre qui dépend de la variation de M2-M1 qui s’est donc inversée depuis le 19 janvier, ce qui signifie que la croissance du PIB va repartir au 2° trimestre 2009,
Graphique 3 :
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Après la dernière révision de la croissance du PIB, je retiens ici une croissance de – 0,8 % en ce 1° trimestre par rapport au trimestre précédent en taux annualisé selon la présentation faite aux États-Unis (- 0,2 % par rapport au trimestre précédent), c’est à dire – 1,2 % d’une année sur l’autre, la croissance redevenant positive au 2° trimestre.
L’épargne des Américains, visible dans l’agrégat M2-M1 se monte à $6 700 milliards, c’est à dire $400 milliards de plus qu’au 15 septembre 2008 : ce sont $400 milliards qui n’ont pas été dépensés, et qui n’ont donc pas été produits, ce qui a provoqué la chute de la croissance du PIB,
Graphique 4 :
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Si les Américains avaient dépensé en grande partie ces $400 milliards, la croissance aurait été de 1 % d’une année sur l’autre, c’est à dire normale.
Ces (mes) analyses sont confirmées par les chiffres de la consommation des Américains qui a augmenté de 0,6 % ainsi que leurs revenus de 0,4 % en janvier.
En 2001, après les attentats du 11 septembre, Alan Greenspan est intervenu énergiquement pour inciter les Américains à dépenser leurs dollars en continuant à consommer, à voyager, à sortir au restaurant, au spectacle, etc.
La reprise pourrait être plus rapide et plus forte si les gens de la Fed et Barack Obama intervenaient plus positivement actuellement.
Les éléphants, c’est à dire les bons spéculateurs, ont quitté leur refuge des Notes à 10 ans pour s’investir en actions largement sous-cotées avec un PER de 11,9 qui correspond à une rentabilité des actions de 8,4 % mesurée par l’EPR, l’inverse du PER.
Les fluctuations des rendements des Treasuries sont donc normales dans leur tendance lourde haussière,
Graphique 5 :
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Les établissements financiers américains (banques et AIG) achèvent leur assainissement avec les dernières injections de l’État et avec la conversion des actions de préférence en actions ordinaires, leurs ratios d’endettement étant dans les normes (par rapport au PIB et à leurs capitaux propres, cf. mes billets précédents).
La reprise de la croissance aux États-Unis se transmettra au reste du monde, mais elle sera lente en Europe si elle échappe aux tsunamis annoncés.
Malheureusement, les marchés sont sous l’influence des moutons de Panurge qui ne voient pas plus loin que le bout de leur museau.
Après l’exubérance irrationnelle des marchés décriée par Alan Greenspan à la fin des années 90, c’est maintenant le temps de leur irrationnelle déprime.
Les moutons ne seront jamais rationnels.
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