Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 16:29

L’épargne des Américains et Keynes


Encore un sale coup de ce Keynes… qui a défini l’épargne comme étant la partie du revenu qui n’est pas dépensée : R = C + S.


Le Bureau of Economic Analysis (BEA) du U.S. Department of Commerce publie chaque mois le taux d’épargne des Américains (cliquer ici pour lire le dernier communiqué) à partir de leur revenu disponible (Disposable Personal Income, DPI) moins leurs dépenses (Outlays), notre ami Fred de Saint Louis en publiant les chiffres depuis 1959,

Graphique 1 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Ce taux d’épargne (Personal Saving Rate, PSR) baissait depuis 1985 au point d’atteindre zéro en juin 2008 (point rouge).


L’Amérique est au bord du gouffre disaient alors tous les journaleux et bonimenteurs qui accusaient les Américains de dépenser imprudemment tous leurs dollars alors qu’ils devraient épargner pour financer leur retraite.


J’avais déjà mis en évidence l’erreur d’analyse du… Bureau of Economic Analysis (!) dans un billet Epargne : Etats-Unis / France, cliquer ici pour le lire.


En fait, dans le revenu brut des Américains sont déjà déduites ce qu’on appelle en France les cotisations qui financent la retraite publique pour établir le revenu disponible (DPI).


Par ailleurs, beaucoup d’entreprises provisionnent les sommes nécessaires pour assurer le versement des pensions complémentaires de retraites de leurs salariés (Renault et Peugeot auraient été en faillite depuis longtemps comme la plupart des entreprises françaises si elles finançaient elles aussi les engagements de retraite des Français comme le font General Motors, Chrysler et la plupart des grandes entreprises américaines).


Ces provisions versées dans les fonds de retraite sont comptabilisées dans les charges des entreprises et non par l’épargne à la charge des ménages.


Par ailleurs, le BEA comptabilise en dépenses les investissements des Américains (ainsi que les charges d’intérêts), qu’ils soient en valeurs immobilières ou mobilières, si bien que la constitution de ce capital pour assurer leur retraite est comptabilisée en… dépenses ! et non en tant qu’épargne.


Le taux d’épargne publié par le BEA correspond effectivement aux revenus que les Américains ne dépensent pas (selon la définition de l’épargne de Keynes) et qu’ils placent en fait sur leurs comptes courants et sur leurs livrets d’épargne, ce qui correspond au TCD, Total Checkable Deposits de l’agrégat M1 et à M2-M1 respectivement.


Dans ces conditions, la véritable épargne des Américains est effectivement considérable car elle comprend en réalité leur capital en valeurs immobilières et mobilières, en particulier par l’intermédiaire de leurs fonds de pension.


Le taux d’épargne réel ne correspond donc pas du tout aux chiffres publiés par le BEA.


Les Américains sont globalement d’excellents gestionnaires de leurs revenus car ils laissaient de moins en moins de dollars sur leurs comptes courants (TCD) : $600 milliards seulement en juin 2008 soit 4,25 % du PIB alors que M1 se monte à €4 200 milliards dans la zone euro soit 47 % du PIB !

Graphique 2 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Après l’effondrement financier qui a commencé le 15 septembre 2008, les Américains ont augmenté leur épargne de précaution de $533 milliards (M2-M1 a atteint récemment un sommet de $6 800 milliards) et leurs dépôts sur leurs comptes courants de $200 milliards pour atteindre $800 milliards.


L’épargne des Américains dans leurs caisses d’épargne (M2-M1) représente actuellement plus de 45 % du PIB et leurs disponibilités (M1) 11 % du PIB,

Graphique 3 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Le taux d’épargne du BEA est en train de remonter fortement (point noir du graphique 1).


L’Amérique est au bord du gouffre disent maintenant tous les journaleux et bonimenteurs qui accusent les Américains de ne pas dépenser leurs dollars, ce qui empêche l’activité économique de repartir !


La corrélation entre le taux d’épargne publié par le BEA (Personal Saving Rate, PSR) et les variations de M2 (d’une année sur l’autre) est effectivement très forte depuis une dizaine d’années,

Graphique 4 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.

(pour mieux faire apparaître cette corrélation sur ce graphique 4, les chiffres des variations de M2 sont diminués de 4 points)


Cerise sur le gâteau : le revenu disponible (DPI) des Américains a atteint en mai un sommet historique de 77 % du PIB, ce qui signifie que les prélèvements obligatoires ne sont que de 23 % du PIB (contre un taux de 55 % pour la France d’après les statistiques de l’OCDE) grâce aux baisses d’impôts décidées par (les conseillers d’)Obama !

Graphique 5 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Que le président soit Républicain ou Démocrate, les Etats-Unis appliquent un capitalisme libéral bien ordonné avec un minimum de prélèvements obligatoires, ce qui leur permet de bénéficier d’un haut niveau de vie malgré une productivité horaire inférieure à celle des Français.


Pour faire repartir la croissance, il faut diminuer le taux des prélèvements obligatoires, ce que font les Américains, au lieu d’augmenter les dépenses publiques, ce que font les Français qui ne comprennent jamais rien aux problèmes économiques.

***

Partager cet article
Repost0

commentaires

Y
oui vous avez raison de souligner que la retraite est en partie financée par les entreprises aux USA (comptes 401K).<br /> <br /> L'autre énorme avantage, en dehors du fait que cela soulage l'Etat, c'est que l'employé réfléchit à 2 fois avant de se lancer dans des grèves ou dans des actions de dégradation collective de l'entreprise. Si le cours baisse, sa retraite aussi. C'est ce qui s'appelle aligner les intérêts des salariés avec ceux de l'entreprise ou plus exactement des actionnaires (uniques propriétaires de l'entreprise et des profits qu'elle génère- on l'oublie souvent).<br /> Je suis toujours de très près le bras de fer entre AT&T et les syndicats de la télécommunication (CWA) car il reflète la même erreur de compréhension que les syndicats de gauche en France. Un ouvrier d'AT&T spécialisé syndiqué reçoit $1000 par semaine ($4000 par mois), avec mutuelle payée et retraite payée. Ces messieurs avaient négocié une augmentation de 4,5% par an pour une durée de 3 ans en 2006, à la belle époque des croissance à 2 chiffres du wireless. Bref, les voilà aujourd'hui en train de demander la même chose pour les 3 ans à venir!! La direction refuse et propose après de multiples rounds de discussion 2,25% !! Les syndicats refusent et crient au scandale, pointant du doigt les profits (ça ne vous rappelle rien ?) qui somme toute ne sont pas mirobolants rapporté aux capitaux investis (ROE assez faible) et très faibles eu égard au niveau des dettes. Mais voilà que nos chers syndicats ne veulent pas lacher l'affaire, ils n'en démordent pas et menacent de faire grève. Problème : 4 mois de conflits font que l'action At&t est boudée par les analystes et gérants de tout poil. Le cours reste au plancher. Et bien voilà que nos CWA (communication workers americans) se plaignent de voir leur 401K à -30% (car majoritairement investi en actions At&t). Du coup : le projet de grève bat de l'aile (car il divise les membres du syndicats et notamment les branches dures), on retourne à la table de négo mais on fait quand même attention à ne pas couler sa propre boîte!<br /> De l'autre coté de l'atlantique la bêtise va au contraire jusqu'au bout : 1,2 ou 3 mois de grève finissent généralement par planter les derniers clous du cercueil de l'entreprise. Je me souviens du cas pathétique d'Alitalia ou des travailleurs de la Camif. Ces gens ne comprennent pas que lorsque l'entreprise est en difficulté, la dernière chose à faire est de faire grève ou de saccager l'outil de travail. Cette inaptitude mentale conduit au désastre 9 fois sur 10. Et sauf présence d'un management intelligent et fort, l'entreprise ne peut se redresser. j'observe. Si AT&t cède à la pression, alors cela voudra dire que le management cède aux syndicats et fait preuve de faiblesse. S'il tient, au contraire, je saurai que l'entreprise a des chances de se développer et survivre.
Répondre
C
<br /> Oui, ce cas d'At&t est intéressant<br /> L'efficacité pédagogique du compte 401(k) est excellente, <br /> Si Sarko & co avaient un minimum d'intelligence économique, ils l'adapteraient, ce qui calmerait les revendications suicidaires<br /> Je n'y ai pas fait allusion car ça aurait alourdi mon texte... <br /> <br /> <br />
G
Tous les français, sauf ceux installés aux Etats-Unis !
Répondre
C
<br /> évidemment !<br /> <br /> <br />
L
Bonjour.<br /> Donc vous pensez que l'Americain moyen est "à l'aise" grâce à son épargne. Comment expliquez vous ce défaut important au niveau des cartes de crédit. Merci
Répondre
C
<br /> Les défauts de paiement / cartes de crédit sont normaux aux US compte tenu des habitudes antérieures<br /> <br /> <br />