Crédit Suisse 2 trimestre
Les petits Suisses n’ont pas la réputation d’être rapides, mais c’est pourtant Crédit Suisse qui est la première grande banque européenne à publier ses résultats du 2° trimestre.
Pour comprendre la tendance lourde de la gestion des grandes banques, il faut se référer aux ratios d’endettement : les grandes banques qui ont dépassé les normes au cours de ces dernières années, surtout par panurgisme (tout le monde voulait gagner facilement de l’argent dans les produits dérivés) doivent absolument renforcer leurs ratios d’endettement en augmentant leurs capitaux propres tout en diminuant leurs dettes totales.
Le µ de Crédit Suisse a atteint 34,7 au 2° semestre 2008 (le total des dettes représentait 34,7 fois le montant des capitaux propres alors que la limite à ne pas dépasser est de 12,5 fois, soit l’inverse du ratio Tier d’origine de 8 %) !
Tableau 1 :
Crédit Suisse
| 2008Q2
| 2008Q3
| 2008Q4
| 2009Q1
| 2009Q2
|
Total dettes
| 1 193
| 1 355
| 1 123
| 1 120
| 1 057
|
Capitaux propres
| 36,8
| 39,0
| 32,3
| 36,0
| 36,3
|
µ
| 32,4
| 34,7
| 34,8
| 31,1
| 29,1
|
Tier d'origine
| 3,1
| 2,9
| 2,9
| 3,2
| 3,4
|
Le µ de Crédit Suisse revient au niveau de 2004 avec un µ de 29, loin des normes,
Tableau 1 :
Crédit Suisse
| 2003
| 2004
| 2005
| 2006
| 2007
|
Total dettes
| 970
| 1 053
| 1 297
| 1 212
| 1 317
|
Capitaux propres
| 34,0
| 36,3
| 42,1
| 43,6
| 43,2
|
µ
| 28,5
| 29,0
| 30,8
| 27,8
| 30,5
|
Tier d'origine
| 3,5
| 3,4
| 3,2
| 3,6
| 3,3
|
A titre de comparaison, Citigroup qui a les pires ratios des grandes banques des Etats-Unis, a un µ de 17,8 !
Ce ratio d’endettement µ est extrêmement puissant car pour avoir un bon µ, une banque doit avoir beaucoup de capitaux propres, et pour cela, elle doit dégager des bénéfices élevés avec relativement peu de dettes totales, ce que font très bien les banques de Navarre et les banques privées helvètes par exemple.
Ce ratio ne pardonne pas : il révèle tout de suite très simplement la réussite ou l’échec des dirigeants d’une banque.
Le dépassement des normes n’est pas permis pour une grande banque car il engagerait alors un risque systémique, ce qui n’est pas admissible.
Le gros problème en Europe, y compris en Helvétie, est que les autorités n’osent pas intervenir contre les dirigeants des grandes banques qui sont très puissants (et très respectés).
Aux Etats-Unis, B-2 et Henry Paulson n’ont pas hésité à flinguer tous les canards boiteux pour que l’Amérique reste le leader du monde.
Plus inquiétant : depuis les résultats du 1° trimestre, Crédit Suisse a rajouté par un coup de baguette magique environ 14 milliards de capitaux propres dans ses comptes, y compris dans ceux qui ont été publiés en 2008 !
Quand un banquier triche une fois, il triche à d’autres reprises. La confiance a disparu.
Le manque de réactions des petits Suisses est curieux.
Le respect de l’ordre établi, quelles que soient les erreurs des dirigeants, les perdra.
Une institution vénérable et symbolique a déjà sombré : Swiss Air.
Les grandes banques risquent de subir le même sort.
Depuis 2008, ce qui était inimaginable s’est produit…
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