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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 08:48

Taux d’intérêt : structure, évolutions et spéculation


Les taux d’intérêt jouent évidemment un rôle essentiel dans l’activité économique et pour les épargnants dont l’objectif est de maximiser à terme les revenus de leur capital actuel.


Pour cela, il faut anticiper d’une façon fiable l’évolution prévisible des taux d’intérêt pour les mois et les années à venir, ce qui nécessite de bien connaître la structuration logique des taux et des marchés financiers...


***


Abstract (l’essentiel, résumé)


Les rendements des bons du Trésor des Etats-Unis (les Treasuries) sont le point de départ de toute analyse et ceux des Notes à 10 ans en sont la référence.


Ils sont déterminés par les marchés par rapport à l’inflation qui résulte de la politique monétaire menée par la Fed (la banque centrale des Etats-Unis).


Quand les marchés anticipent une forte croissance du PIB (qui sera inflationniste), les capitaux sortent de leur refuge que sont les Treasuries pour s’investir en actions qui sont plus rémunératrices. La demande en Treasuries diminue alors relativement (les prix des contrats baissent et inversement les rendements augmentent).


Inversement, quand une baisse du PIB est anticipée, les capitaux sortent des marchés actions dont les indices plongent et se réfugient sur les Treasuries dont la demande est alors relativement forte (les prix des contrats montent et les rendements baissent).


La croissance du PIB réel est régulée par la politique monétaire menée par la Fed : quand la Fed augmente son taux de base à un niveau très haut (au dessus de son niveau de neutralité), elle fait remonter les taux d’intérêt à court terme qui sont alors très élevés (ils sont même parfois supérieurs aux taux à long terme), ce qui provoque un ralentissement de l’activité économique 6 mois plus tard, donc une baisse du PIB.


Inversement, quand la Fed baisse son taux de base à un niveau très bas (en dessous de son niveau de neutralité), elle fait baisser de ce fait les taux d’intérêts à court terme ce qui favorise la croissance qui est alors supérieure à son potentiel optimal 6 mois plus tard.


Le taux de base de la Fed est actuellement à son plancher historique de 0 % depuis le 16 décembre 2008, ce qui a fait repartir logiquement 6 mois plus tard la croissance du PIB à son potentiel optimal de 3,5 % (depuis juillet dernier).


Le taux de base de la Fed et les taux courts auraient dû être à leur niveau de neutralité (entre 4 et 4,25 %) depuis le printemps 2009. Comme ils sont encore à 0 %, la croissance du PIB sera largement supérieure à son potentiel optimal dans 6 mois et elle sera fortement inflationniste.


Conclusion : les meilleurs placements de l’épargne sont actuellement en actions de sociétés dont les cours sont sous-évalués.

***


Les rendements des bons du Trésor des Etats-Unis (les Treasuries) sont le point de départ de la structuration logique des taux et de tous les marchés financiers.

Les Notes à 10 ans en sont la référence,

Graphique 1 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Les rendements du 10 ans sont déterminés par les marchés par rapport à l’inflation qui a augmenté dans les années 60 et 70, culminant au début des années 80, pour redescendre par la suite.


Ils n’ont été inférieurs à 4 % qu’à la fin des années 50 et récemment, depuis l’effondrement financier de septembre 2008.


L’inflation à prendre en considération est l’inflation sous-jacente (core inflation), sans les produits dont les prix sont volatils comme ceux de l’énergie et des produits alimentaires frais. Elle se mesure par le PCE:LFE (Personal Consumption Expenditures: Chain-Type Price Index Less Food and Energy) qui rend compte des variations des prix calculés sur les dépenses effectives des consommateurs,

Graphique 2 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


L’objectif est d’avoir une inflation sous-jacente comprise entre 1,0 et 1,5 % car il est nécessaire d’avoir un minimum d’inflation pour éviter de tomber dans la déflation (qui aurait des conséquences encore plus graves qu’une inflation excessive), mais cette inflation ne doit pas être trop forte.


Elle est de 1,3 % depuis le mois d’août, ce qui est parfait. Les dirigeants de la Fed (les membres du FOMC) ont finalement eu raison sur ce point en provoquant cet effondrement financier en 2008 car ils voulaient absolument briser l’inflation qui sévissait précédemment.


Du fait de la baisse des prix des hydrocarbures, l’inflation totale que subissent les Américains est négative pour la première fois depuis l’après guerre.


Pour en finir avec l’inflation croissante des années 60 et 70, les dirigeants de la Fed (sous la présidence de Paul Volcker) ont alors augmenté leur taux de base jusqu’à près de 20 %,

Graphique 3 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La politique monétaire de la Fed doit être très fortement proactive pour contrer tout départ d’inflation. La seule erreur majeure que ses dirigeants ont faite l’a été au début des années 60 quand les taux de base sont restés trop longtemps inférieurs à leur niveau de neutralité de 4 %,

Graphique 4 :

 

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Quand les marchés anticipent une forte croissance du PIB (qui sera donc inflationniste comme c’était le cas dans les années 60 et 70), les capitaux sortent de leur refuge que sont les Treasuries pour s’investir en actions qui sont plus rémunératrices. La demande en Treasuries diminue alors relativement (les prix des contrats baissent et inversement les rendements augmentent).

Les capitaux affluent alors pour financer les besoins d’investissement des entreprises, ce qui favorise la croissance, donc la création de richesse,

Graphique 5 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Inversement, quand une baisse du PIB est anticipée comme c’était le cas dans les années 80 et 90, les capitaux sortent des marchés actions dont les indices plongent et ils se réfugient sur les Treasuries dont la demande est alors relativement forte (les prix des contrats montent et les rendements baissent).


L’exubérance irrationnelle des marchés
décriée par Alan Greenspan à la fin des années 90 a été corrigée par l’éclatement de la bulle Internet.


Les rendements réels du 10 ans (rendement nominal moins l’inflation sous-jacente) ont donc été élevés dans les années 80 et 90 (supérieurs à 3 %) et faibles dans les années 60 et 70 (inférieurs à 3 %) et récemment (depuis fin 2007, la crise dite des crédits hypothécaires classés en sub-prime),

Graphique 6 :

 

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La croissance du PIB réel est régulée par la politique monétaire menée par la Fed : quand ses dirigeants augmentent son taux de base à un niveau très haut (au dessus de son niveau de neutralité, entre 4 et 4,25 %), les taux d’intérêt à court terme sont alors très élevés (ils ont même été parfois supérieurs aux taux à long terme, la courbe des taux étant alors inversée), ce qui ralentit fortement l’activité économique 6 mois plus tard. C’est alors une récession ou une crise.


C’est ce qui s’est passé en 1973-74 (la crise dite du pétrole), au début des années 80, en 1989 (à l’origine de l’élection de Bill Clinton), en 2000-2001 et en 2006-2007,

Graphique 7 :

 

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Cependant, le développement des produits dérivés en 2006-2007 a retardé la chute du PIB qui ne s’est produite que récemment, fin 2008-début 2009 avec l’effondrement financier de septembre 2008.


Depuis ces 60 dernières années, lorsque la Fed augmente son taux de base au dessus de son niveau de neutralité, le PIB plonge 6 mois plus tard, et inversement la croissance repart 6 mois après la baisse des taux de la Fed,

Graphique 8 :

 

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Le taux de base de la Fed est actuellement à son plancher historique (dans une fourchette comprise entre 0 et 0,25 % depuis le 16 décembre 2008…

Graphique 9 :

 

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… ce qui a fait repartir logiquement 6 mois plus tard la croissance du PIB à son potentiel optimal de 3,5 % (depuis juillet dernier),

Graphique 10 :

 

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Les marchés sont de plus en plus ouverts : les écarts entre l’Europe et les Etats-Unis se sont résorbés au cours de ces dernières années.


Les variations des taux européens sont maintenant totalement alignées sur celles des Treasuries, à un étage supérieur toutefois car les fondamentaux des Etats-Unis sont meilleurs que dans la zone euro,

Graphique 11 :

 

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Les rendements des Treasuries jouent le rôle moteur (ils entraînent les taux européens). Ils dépendent tous finalement de la politique monétaire menée par la Fed (et non de la BCE),

Graphique 12 :

 

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Les rendements du 10 ans devraient être à deux chiffres dans un avenir envisageable d’après Fred Rabeman, analyste technique.

Ils vont donc varier très rapidement du plus bas historique à des niveaux très hauts.

C’est le temps des turbulences !


Conclusion : les meilleurs placements de l’épargne actuelle sont en actions (ou en produits financiers adossés sur des actions) de sociétés dont les cours sont sous-évalués et surtout pas sous la forme d’obligations publiques.


Spéculer, c’est voir loin devant, et juste, par exemple sur un champ de bataille, pour déceler les forces et les faiblesses des adversaires.

La spéculation financière permet d’obtenir la meilleure allocation des capitaux, donc la croissance optimale, ce qui maximise la richesse de la nation et de ses habitants.

***


Compléments.


Les dirigeants de la Fed sont obligés de créer des cycles car la productivité n’augmente que dans une ambiance de crise : +9,1 % au 3° trimestre 2009 (par rapport au trimestre précédent en taux annualisé) comme en 2001,

Graphique 13 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


En effet, c’est uniquement dans une ambiance de crise générale que les dirigeants des entreprises prennent des mesures énergiques pour restaurer des bénéfices en procédant à des restructurations indispensables et à d’autres mesures (lancement de nouveaux produits, utilisation de nouvelles techniques, etc.), ce qui augmente leur productivité.


Les gains de productivité qui avaient tendance à baisser sur le long terme augmentent depuis une dizaine d’années,

Graphique 14 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La croissance du PIB et par conséquent la richesse de la nation et de ses habitants dépend des gains de productivité qui sont historiquement de l’ordre de 2,5 % par an et de l’augmentation de la population.

***

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commentaires

P
<br /> C'est effectivement la méconnaissance de la structuration logique des taux qui est à l'origine de l'énorme piège des subprimes.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Vous avez dit tout haut ce que je pense depuis un moment:"Les dirigeants de la Fed sont obligés de créer des cycles car la productivité n’augmente que dans une ambiance de crise"<br /> Cependant,n'y a t'il pas d'autre moyens d'augmenter la productivité? cette vieille recette a comme défaut d"assassiner" les plus fragile d'entre nous....ce que je traduit par " L'élite fait tout<br /> pour conserver ston pouvoir d'achat, les crises qu'elle provoque enrichissent les riches et appauvrissent les pauvres"<br /> <br /> <br />
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L
<br /> très bon article de C.Gave fourmis VS cigales...<br /> <br /> Que se passera t il lorsque les fourmis décideront de ne plus acheter les thésauries, la fed étant au max de ses possibilités !!!!<br /> tant que les actifs montent ....<br /> <br /> <br />
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C
<br /> La demande en Treasuries est toujours très importante !<br /> Ceux qui prétendent que les Treasuries sont contestés racontent n'importe quoi !<br /> <br /> <br />
A
<br /> Dernière perle en date de la très endettée Société Générale.<br /> <br /> http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/6599281/Societe-Generale-tells-clients-how-to-prepare-for-global-collapse.html<br /> <br /> <br />
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C
<br /> "Ils" n'ont pas vu leurs propres dettes ni celles des Français (/retraites non provisionnées) !!!<br /> <br /> <br />
D
<br /> bonjour et bravo pour votre site et vos analyses vraiment pertinentes.<br /> Avez vous vu aujourd'hui paul polson (dirigeant d'un des plus gros hedge funds a decide d'être "long" sur l'or pour une tres grande partie de ses assets, cela presage tres clairement d'une attente<br /> d'une tres fortre inflation aux US<br /> Waren buffet vient de rentre a fonds dans Wall Mart, pourquoi, parcequ'il pense que la reprise et les americains vont denouveau depenser a fonds comme avant? que neni parcequ'il enticipe une<br /> pauperisation tres importante d'une grand epartie de la population US qui n'aura d'autre choix que d'aller chez le lowcost du coin, mauvais presage donc.qu'en pensez vous?<br /> <br /> <br />
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C
<br /> La croissance du PIB était déjà à 3,5 % en juillet-septembre (en taux annualisé), elle est actuellement dans les 4 % et elle sera encore + forte dans les prochains trimestres vu que les<br /> taux de la Fed sont à zéro, donc ce sera très inflationniste<br /> L'inflation est un combat monétaire (Le Bourva), donc certains seront perdants et devront aller faire leurs courses chez Wal-Mart plutôt qu'à Whole Foods, d'autres seront gagnants<br /> L'or progresse toujours en cas d'inflation, d'autant + avec les ETF<br /> <br /> <br />