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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 21:52

Core Tier 1 / µ (leverage)


D’après des dépêches Reuters de ce jour, le Comité de Bâle, qui est un machin de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), n’obligerait pas les autorités bancaires nationales à faire respecter les ratios d’endettement par les banques de leur ressort tels qu’ils ont été définis à l’origine (le Tier 1) à la fin des années 80 sous la pression des Américains, et en particulier de ce bon vieux Greenspan.


A cette époque là, avant la chute du mur de Berlin, les Américains voulaient renforcer leurs alliés européens contre les dangers que représentaient les communistes russes.


Tout a changé par la suite : les Américains ont maintenant (depuis au moins une décennie) intérêt à affaiblir les pays européens qui sont devenus des concurrents gênants.


La meilleure solution est de… les laisser faire.


En effet, les idiots incultes y étant largement majoritaires, tous les pays européens (sauf les petits Suisses toujours aussi perspicaces) tombent dans les mêmes pièges fatals : l’hypertrophie de la masse monétaire, le surendettement public et des grandes banques.


Ce bon vieux Greenspan était pourtant clair : le ratio d’endettement (leverage en anglais, que je représente pour simplifier par la lettre µ), ne doit pas dépasser 12,5 ce qui signifie que le total des dettes d’une banque ne doit pas dépasser 12,5 fois le montant de ses capitaux propres.


Son inverse est mieux connu sous la formulation suivante : les capitaux propres d’une banque doivent représenter au moins 8 % du total des dettes, étant entendu que l’actif ne peut être financé que par de véritables capitaux propres (les apports des actionnaires, plus les bénéfices accumulés), et par des dettes.


C’est le principe fondamental, depuis que les banques existent (5 000 ans), pour que l’on puisse avoir confiance dans les banques qui jouent un rôle fondamental dans la croissance, donc dans la richesse des nations et de leurs habitants.


Pervers, les Américains laissent faire la Vieille Europe (et le Japon) mais ils font respecter leur loi aux Etats-Unis : le µ des fameuses grandes banques revient dans les normes voulues par la Fed,


Tableau 1 (les chiffres sont en milliards de dollars, sauf pour les ratios) :

2009Q3

 

 

Bank of America

 

 

JPMorgan

 

 

Citigroup

 

 

Goldman Sachs

 

 

actions de préférence

 

 

58,8

 

 

8,2

 

 

0,3

 

 

7,0

 

 

total des dettes

 

 

2 193,4

 

 

1 886,9

 

 

1 888,6

 

 

823,8

 

 

capitaux propres

 

 

197,2

 

 

154,1

 

 

140,8

 

 

58,4

 

 

µ réel

 

 

11,1

 

 

12,2

 

 

13,4

 

 

14,1

 

 

Tier 1 d'origine

 

 

9,0

 

 

8,2

 

 

7,5

 

 

7,1

 

 


Selon exactement la même méthode de calcul, les grandes banques françaises et européennes ont toutes des ratios d’endettement abominables,


Tableau 2 (les chiffres sont en milliards d'euros, sauf pour les ratios) :

2008T4

 

 

BNP

 

 

Crédit Agri

 

 

CdE-BP-Nat

 

 

Soc Gen

 

 

Total dettes

 

 

2 017

 

 

1 606

 

 

1 383,8

 

 

1 089

 

 

Capitaux propres

 

 

59,0

 

 

47,3

 

 

35,2

 

 

40,9

 

 

µ

 

 

34,2

 

 

34,0

 

 

39,3

 

 

26,6

 

 

Tier 1 d’origine

 

 

2,9

 

 

2,9

 

 

2,5

 

 

3,8

 

 


Tableau 3 (les chiffres sont en milliards de monnaie locale, sauf pour les ratios) :

2008T4

 

 

Deutsche Bank

 

 

UBS

 

 

Crédit Suisse

 

 

Barclays

 

 

Total dettes

 

 

2 171

 

 

1 973,4

 

 

1 138

 

 

2 005,6

 

 

Capitaux propres

 

 

30,7

 

 

42,1

 

 

32,3

 

 

47,4

 

 

µ

 

 

70,7

 

 

46,9

 

 

35,2

 

 

42,3

 

 

Tier 1

 

 

1,4

 

 

2,1

 

 

2,8

 

 

2,4

 

 


Tous les idiots utiles (pour les Américains) se réjouissent de la décision qu’ils qualifient de sage du Comité de Bâle qui imposerait ce qui est appelé maintenant le ratio Core Tier 1 qui devrait être de l’ordre de 4 % (contre 8 % à l’origine), ce qui correspond à un µ de 25 !


Effectivement, selon cette règle, les banques européennes peuvent respecter à terme ce ratio Core Tier 1.


Les dirigeants des grandes banques qui auraient dû, selon les règles Tier 1 d’origine reconstituer au plus vite leurs capitaux propres poussent un soupir de soulagement et leurs cours ont grimpé après la publication de ces informations : ce sont les grandes banques japonaises et européennes, Deutsche Bank, etc.


Une certitude : un tsunami bancaire se produira en Europe. L’incertitude, c’est la date.


Ces informations confirment toutes mes analyses précédentes…

***

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commentaires

N
<br /> Donc les étatsuniens considérent l'argent des actions de preference non pas comme du capital mais comme de l'argent emprunté.<br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> Voici un extrait d'article de presse datant de juin 2008:<br /> <br /> "Les banques françaises devraient bientôt pouvoir renforcer leur capital avec des actions de préférence, des titres considérés comme du Tier one mais qui n’ont pas le caractère dilutif des actions<br /> ordinaires. Pouvant être émis sans droits de vote, ils donnent généralement droit à une rémunération à taux fixe et sont rachetés par l’émetteur au bout de dix ans, ce qui en fait des produits<br /> proches des obligations."<br /> <br /> C'est bien le fait que l'émetteur rachète ces actions de préférence au plus tard au bout de 10 ans qui fait que les actions de préférences ne doivent pas être comptés comme capital propre pour une<br /> banque (selon les normes utilisées aux USA) ??<br /> <br /> Encore merci pour vos précieuses et rigoureuses analyses.<br /> <br /> <br />
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X
<br /> 2009 année excellente!!!<br /> <br /> A part pour les banquiers et autres nantis je ne vois pas en quoi cette année a été excellente notamment pour tous ces nouveaux millions de chomeurs de par le monde et ceux confrontés aux grandes<br /> difficultés financières depuis longtemps et dont leur situation actuelle ne fait que s'aggraver via ces politiques économiques désastreuses.<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> Ce qui a été fait par la Fed est le meilleur moyen d'atteindre le potentiel optimal de croissance, donc la richesse de tout le monde.<br /> Difficile à comprendre pour les Frenchies !<br /> <br /> <br />
S
<br /> Meilleurs voeux à vous. 2009 = année record sur les marchés mondiaux actions avec des performances qui varient entre 35% et 65%. Plus les théories sont compliquées et plus les idiots suivent,<br /> pourtant c'est les théories simples et de bon sens qui l'emportent toujours. Mille merci à vous M. Chevallier, cordiaux messages.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci à vous et meilleurs voeux (mais l'année n'est pas encore terminée !).<br /> Effectivement, peu de gens ont écrit l'an dernier au même jour, que l'année 2009 seait excellente !!! <br /> <br /> <br />
N
<br /> Merci pour votre réponse prompte.<br /> <br /> L'argent est sain mais il s'agit encore d'emprunt, d'emprunt et encore d'emprunt, donc du crédit. De nombreux états (dont les EU et la France) vivent au dessus de leurs moyens depuis des années et<br /> financent largement l'économie par ce biais. Pourquoi pas après tout, si ça marche et que le retour sur investissement est à la hauteur. Mais les trous se creusent et je n'ai pas l'impression que<br /> les sommes astronomiques engagées dans le plan de relance américain ne passent inaperçues. Peut-être ai-je tord. Je l'espère sincèrement pour l'emploi de tous. En attendant, en tant que<br /> contribuable français et acteur de l'économie nationale, je me fais du soucis quand j'observe les trous se creuser années après années depuis trente ans et aucun mouvement inverse s'amorcer. Et<br /> quand la première économie mondiale, celle des Etats-Unis, est touchée par le même mal, cela ne me rassure pas plus. Merci néanmoins pour vos commentaires et votre site. Bonne soirée.<br /> <br /> <br />
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