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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 16:15

Histoire belge


Les dettes totales de la banque Fortis représentaient plus de 30 fois le montant des capitaux propres (la norme est de 12,5 pour ce multiplicateur µ qui correspond au ratio Tier de 8 %),


Tableau 1 :

Fortis (milliards €)

 

 

2003

 

 

2004

 

 

2005

 

 

2006

 

 

2007

 

 

Total dettes

 

 

511

 

 

556

 

 

709

 

 

754

 

 

837

 

 

Capitaux propres

 

 

14,0

 

 

15,8

 

 

19,7

 

 

21,6

 

 

34,2

 

 

µ

 

 

36,5

 

 

35,2

 

 

36,1

 

 

35,0

 

 

24,5

 

 


Le PIB de la Belgique est de l’ordre de €350 milliards


La situation était catastrophique au second semestre 2007 mais elle s’est relativement améliorée par la suite,


Tableau 2 :

Fortis (milliards €)

 

 

2007Q2

 

 

2007Q3

 

 

2007Q4

 

 

2008Q1

 

 

2008Q2

 

 

Total dettes

 

 

896

 

 

855

 

 

837

 

 

896

 

 

944

 

 

Capitaux propres

 

 

22,1

 

 

21,2

 

 

34,2

 

 

32,0

 

 

30,4

 

 

µ

 

 

40,5

 

 

40,3

 

 

24,5

 

 

28,0

 

 

31,1

 

 


La BNP a les mêmes ratios d’endettement.


La reprise de ce qui reste de Fortis en Belgique par la BNP ne se justifie donc pas, et ce serait une très grave erreur de poursuivre ce projet car la plus grande partie du secteur bancaire belge passerait ainsi sous le contrôle d’une banque étrangère qui est dans une situation critique doublement hors normes.


Fortis, la BNP et toutes ces Gosbanks européennes n’auraient jamais dû exister.


Les Américains ont détruit Schumpétairement les plus grosses banques hors normes pour créer à leur place des banques plus petites respectant les normes, donc viables.


Yaka, faucon

***

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 10:49

Petits Suisses, grands perdants


Depuis 2004, le total des dettes d’UBS est 40 à 50 fois plus élevé que le montant de ses capitaux propres (c’est le multiplicateur µ d’endettement bancaire, leverage en anglais),


Tableau 1 :

UBS

 

 

2003

 

 

2004

 

 

2005

 

 

2006

 

 

2007

 

 

Total dettes

 

 

1 346

 

 

1 698

 

 

2 008

 

 

2 291

 

 

2 230

 

 

Capitaux propres

 

 

35,4

 

 

39,4

 

 

51,9

 

 

55,8

 

 

42,5

 

 

µ

 

 

38,0

 

 

43,1

 

 

38,7

 

 

41,1

 

 

52,5

 

 


À la fin du 1° trimestre 2008, le total des dettes d’UBS était même 97 fois plus important que le montant de ses capitaux propres, ce qui est peut-être un record mondial !


Tableau 2 :

UBS

 

 

2007Q3

 

 

2007Q4

 

 

2008Q1

 

 

2008Q2

 

 

2008Q3

 

 

Total dettes

 

 

2 430

 

 

2 231

 

 

2 208

 

 

2 026

 

 

1 942

 

 

Capitaux propres

 

 

54,4

 

 

43,8

 

 

22,7

 

 

54,0

 

 

54,9

 

 

µ

 

 

44,7

 

 

50,9

 

 

97,3

 

 

37,5

 

 

35,4

 

 


La situation de Crédit Suisse était moins alarmante, mais largement au-dessus des normes (un µ inférieur à 12,5 correspondant à un ratio Tier supérieur à 8 % des accords de… Bâle !),


Tableau 3 :

Crédit Suisse

 

 

2003

 

 

2004

 

 

2005

 

 

2006

 

 

2007

 

 

Total dettes

 

 

970

 

 

1 053

 

 

1 297

 

 

1 212

 

 

1 317

 

 

Capitaux propres

 

 

34,0

 

 

36,3

 

 

42,1

 

 

43,6

 

 

43,2

 

 

µ

 

 

28,5

 

 

29,0

 

 

30,8

 

 

27,8

 

 

30,5

 

 


À la fin du 3° trimestre 2008, derniers chiffres publiés à ce jour, le µ était encore à un niveau excessif de 35,


Tableau 4 :

Crédit Suisse

 

 

2007Q3

 

 

2007Q4

 

 

2008Q1

 

 

2008Q2

 

 

2008Q3

 

 

Total dettes

 

 

1 334

 

 

1 317

 

 

1 170

 

 

1 193

 

 

1 355

 

 

Capitaux propres

 

 

42,0

 

 

43,2

 

 

37,6

 

 

36,8

 

 

39,0

 

 

µ

 

 

31,8

 

 

30,5

 

 

31,1

 

 

32,4

 

 

34,7

 

 


Pour rétablir un µ actuellement normal de 9, il faudrait que l’État, c’est à dire les contribuables (car aucun investisseur privé ne serait assez fou pour investir autant d’argent dans ces banques), injecte 160 milliards de francs dans le capital d’UBS et 110 milliards dans celui de Crédit Suisse.


Pour une population de 7,6 millions d’habitants, l’ardoise serait de 35 500 francs pour chacun des petits Suisses ! ça fait cher (en France, elle serait de 5 000 € par habitant).


Pour éviter une telle débâcle, une règle d’or s’impose : le total des dettes d’une banque ne doit pas dépasser le dixième du PIB.


Avec un PIB de l’ordre de 500 milliards de francs, aucune banque ne devrait avoir plus de 50 milliards de dettes au total, ce qui est le cas a priori pour les banques privées qui sont parmi les plus performantes du monde dans leur ensemble et c’est pour cela que les gérants de capitaux du monde entier savent que l’Helvétie est leur meilleur refuge, ce qui irrite au plus haut point les Américains (des États-Unis) qui ont laissé les Européens tomber dans ce piège diabolique et fatal.


Les Suisses se sont fait… berner par les autorités qui sont chargées de surveiller le bon fonctionnement de la Confédération : le gouvernement (le Conseil Fédéral en langue locale), la banque centrale (la Banque Nationale Suisse, pourtant la meilleure du monde pour ce qui concerne la gestion de la masse monétaire), les autorités boursières (les gnomes de Zurich n’ont rien fait de positif), la justice.


Lorsque Ludovic Monnerat était encore de ce monde de la blogosphère, j’étais intervenu pour dire qu’il ne servait à rien de préparer une guerre du XIX° siècle qui ne se produira jamais (une invasion de Français, Italiens, Autrichiens ou Allemands), mais qu’il fallait plutôt que la Suisse s’arme pour lutter contre les guerres du XXI° siècle qui sont d’abord et avant tout économiques et financières.


Aujourd’hui, la défaite est déjà cinglante, et ce sera pire à l’avenir.


J’avoue ne pas comprendre comment de telles erreurs historiques ont pu se produire.

***

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 11:03

Greenspan et les banques françaises


Le ratio Tier a été défini à l’origine comme étant le rapport minimal que les banques doivent respecter entre les capitaux propres et le total des dettes (en pourcentage), soit 8 % mais les banques ont obtenu le droit de calculer ce ratio autrement de façon à pouvoir en opacifier les méthodes de calcul et publier des ratios qui les arrangent, c’est à dire qui donnent des ratios Tier égaux ou supérieurs aux exigences minimales.


Ainsi, elles ne donnent pas une image fidèle de la réalité en vue de tromper les investisseurs, ce qui est un délit : elles prétendent respecter ce ratio Tier, mais en le calculant selon la méthode directe d’origine (par le rapport entre les capitaux propres et le total des dettes en pourcentage d’après les chiffres officiels publiés au 30 juin 2008, cf. mes billets précédents), les banques françaises ont un ratio Tier réel de 3 % seulement,


Tableau 1 :

Tier au 30/06/08

 

 

réel

 

 

publié

 

 

BNP

 

 

3,2

 

 

7,6

 

 

Société Générale

 

 

3,9

 

 

8,1

 

 

Crédit Agricole

 

 

2,9

 

 

8,9

 

 


À titre de comparaison, les banques américaines n’ont jamais eu un ratio Tier réel aussi faible.


Une nécessité s’impose : recapitaliser ces banques de façon à respecter le ratio Tier défini à l’origine par la BRI (la Banque des Règlements Internationaux).


Pour cela, il faudrait injecter €200 milliards dans ces 3 banques ! pour respecter la norme du Tier d’origine à 8 %, soit un µ de 12,5 au maximum, µ étant l’inverse du Tier, c’est à dire le rapport entre le total des dettes et le montant des capitaux propres,


Tableau 2 :

µ (au 30/06/08)

 

 

12,5

 

 

9

 

 

BNP

 

 

84,8

 

 

139,5

 

 

Société Générale

 

 

42,6

 

 

74,8

 

 

Crédit Agricole

 

 

72,5

 

 

116,8

 

 

Total

 

 

199,9

 

 

331,2

 

 


Comme la confiance que l’on a dans les banques a diminué, les exigences ont augmenté.


Pour Alan Greenspan, le ratio Tier d’origine devrait être maintenant plus restrictif : le total des dettes ne devrait pas dépasser 9 fois les capitaux propres et pour cela, il faudrait injecter €331 milliards dans nos 3 banques !


Nos, car seul l’État, c’est à dire nous, les contribuables, est en mesure d’apporter ces capitaux pour l’instant, mais comme l’État n’a pas ces €331 milliards, le financement ne pourrait se faire que par l’emprunt, ce qui augmenterait d’autant la dette publique.


Les sommes en jeu sont tellement énormes que le gouvernement n’ose pas emprunter ces €331 milliards nécessaires à la recapitalisation de ces banques surdimensionnées par rapport aux capacités françaises.


Résultat : comme ces banques ne donnent pas confiance, elles ne peuvent plus emprunter sur les marchés, et elles ne peuvent donc plus prêter normalement, ce qui bloque l’activité économique dans tous les secteurs.


La France, et l’Europe sont tombées dans un piège diabolique et fatal.


Les Américains (des États-Unis !) sont arrivés à sortir d’une situation comparable car le Trésor a émis des centaines de milliards de bons qui ont été utilisés pour recapitaliser les banques vulnérables (ayant dépassé les normes) mais viables.


Les centaines de milliards de dollars qui étaient en attente de placement ont ainsi pu s’investir en Treasuries, ce qui a épongé l’excès d’argent gagné et non gagné qui circulait.


Les Américains ont bien joué : une énorme destruction créatrice fait repartir la croissance sur des fondamentaux sains et la Vieille Europe est au tapis.

***

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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 11:08

Alan Greenspan et les ratios


Ce bon vieux Alan Greenspan est toujours le même : indispensable et toujours pertinent…


Dans son article du 18 décembre dans The Economist, cliquer ici pour le lire, il précise que le ratio des capitaux propres par rapport à l’actif (en pourcentage, appelons le G comme Greenspan pour simplifier) pour les banques devrait être supérieur à 10 % pour restaurer la confiance, comme c’était encore le cas en 2006,


Graphique :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Ce ratio G (surveillé attentivement par la Fed depuis… 1834 !) est en fait peu adroit.


Il serait préférable d’utiliser tout simplement le multiplicateur d’endettement que je désigne par la lettre µ (leverage en anglais) qui est le rapport entre le total des dettes et les capitaux propres et qui s’interprète dans ce cas de la façon suivante : le total des dettes ne doit pas dépasser 9 fois le montant de leurs capitaux propres.


Ce µ est en fait l’inverse du ratio Tier initial qui devrait donc être supérieur à 11,1 % (colonne 3 du tableau),


Tableau :

 

1

 

 

2

 

 

3

 

 

4

 

 

5

 

 

Total dettes

 

 

100

 

 

100

 

 

100

 

 

100

 

 

100

 

 

Capitaux propres

 

 

8

 

 

10

 

 

11,11

 

 

12,5

 

 

16,28

 

 

Actif

 

 

108

 

 

110

 

 

111,11

 

 

112,5

 

 

116,28

 

 

G (% Cap pr / actif)

 

 

7,41

 

 

9,09

 

 

10

 

 

11,11

 

 

14

 

 

µ (dettes / cap pr)

 

 

12,5

 

 

10

 

 

9

 

 

8

 

 

6,14

 

 

Tier (% cap pr / dettes)

 

 

8

 

 

10

 

 

11,11

 

 

12,5

 

 

16,28

 

 


Dans les années 80, la confiance dans les banques américaines était forte, et sur cette expérience, les banques centrales ont adopté un ratio Tier de capitalisation minimale de 8 % ce qui correspond à un µ de 12,5 et à un G de 7,4 % (colonne 1 du tableau).


La situation a dégénéré à partir de 2006 (après le départ d’Alan Greenspan !) : un certain nombre de banques n’ont pas respecté ces ratios qui ont explosé parfois, surtout en Europe (avec des µ à 30 et davantage, cf. l’étude de l’OCDE dans un billet antérieur et mais autres billets) et la Fed n’a pas réagi.


Il est maintenant absolument indispensable de renforcer les capitaux propres des banques pour restaurer la confiance : Alan Greenspan propose un G de 14 % (colonne 5), c’est à dire un µ de 6,1 et un Tier de 16,3 % ! ce qui est peut-être excessif.


Un G de 10 % comme en 2006 n’étant pas suffisant, il devrait être au minimum de 11 %, ce qui correspond à un Tier de 12,5 % et à un µ de 8, ce qui signifie que le total des dettes des banques ne devrait pas dépasser 8 fois le montant de leurs capitaux propres.


En fait, la plupart des milliers de banques américaines respectent les normes d’endettement, peu de banques les dépassent mais leurs incartades sont très spectaculaires et leurs effets sont dévastateurs.


Il n’est pas nécessaire de réunir une conférence internationale pour adopter de nouvelles règles ni de renforcer les réglementations : les banques publient leurs bilans qu’il suffit d’interpréter correctement.


Ainsi, les banques qui ont des multiples d’endettement µ trop élevés peuvent être sanctionnées rapidement par les marchés et leurs clients : c’est la destruction créatrice de ce bon vieux Schumpeter dans le secteur bancaire.


Cependant, les dommages collatéraux sont trop importants : il eût été préférable que la Fed intervienne, au moins verbalement pour annoncer la montée des risques, ce qu’aurait certainement fait Alan Greenspan s’il était resté encore un peu à la tête de la Fed.


Enfin, il est intéressant de remarquer qu’un système libre est en fait autorégulateur : les banques qui ne respectent pas les limites d’endettement sont normalement obligées d’augmenter leurs capitaux propres, mais comme elles ne peuvent pas augmenter leurs bénéfices dans les mêmes proportions, leurs ratios de rentabilité (ROE) baisse, ce qui les oblige à restaurer un ratio d’endettement dans les normes pour survivre.


En fait, le gros problème est surtout celui du manque de culture économique et financière.


Pourtant, c’est simple, tout est simple disait Milton Friedman : le total des dettes des banques ne doit pas dépasser 10 fois le montant des capitaux propres, yaka ajouter un zéro à droite !

***

 

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 15:54

Banques françaises, µ et recapitalisation


D’après les normes (ou règles) de bonne gestion propres aux banques, le total des dettes ne doit pas dépasser maintenant 10 fois le montant des capitaux propres (d’après Alan Greenspan et la Fed) pour que la confiance indispensable continue à régner dans le secteur bancaire.


Ce multiplicateur d’endettement de banque que je désigne par la lettre µ (leverage en anglais) est largement au-dessus de ces normes pour les 3 grandes banques françaises (les chiffres de 2008 sont ceux de la fin du 2° trimestre, les seuls officiellement disponibles),

Tableau 1 :

BNP

 

 

2004

 

 

2005

 

 

2006

 

 

2007

 

 

2008T2

 

 

Total dettes

 

 

965

 

 

1 212

 

 

1 386

 

 

1 635

 

 

1 761

 

 

Capitaux propres

 

 

37,1

 

 

46,0

 

 

54,8

 

 

59,4

 

 

56,1

 

 

µ

 

 

26,0

 

 

26,3

 

 

25,3

 

 

27,5

 

 

31,4

 

 

 

 

 

 

 

 

Société Générale

 

 

2004

 

 

2005

 

 

2006

 

 

2007

 

 

2008T2

 

 

Total dettes

 

 

656

 

 

821

 

 

923

 

 

1 040

 

 

1 035

 

 

Capitaux propres

 

 

22,4

 

 

27,7

 

 

33,4

 

 

31,3

 

 

40,2

 

 

µ

 

 

29,3

 

 

29,6

 

 

27,6

 

 

33,2

 

 

25,7

 

 

 

 

 

 

 

 

Crédit Agricole

 

 

2004

 

 

2005

 

 

2006

 

 

2007

 

 

2008T2

 

 

Total dettes

 

 

791

 

 

1 030

 

 

1 226

 

 

1 368

 

 

1 424

 

 

Capitaux propres

 

 

26,2

 

 

30,7

 

 

35,1

 

 

46,5

 

 

41,4

 

 

µ

 

 

30,2

 

 

33,6

 

 

34,9

 

 

29,4

 

 

34,4

 

 


Il faudrait injecter €284 milliards (en capitaux propres, et non pas en prêts !) pour que le µ de ces 3 banques commence à entrer dans les nouvelles normes (µ < 10) !


Les éléphants, c’est à dire les investisseurs avisés qui voient juste et loin (les bons spéculateurs) sont déjà sur les collines loin du tsunami possible : les cours de ces 3 banques ont plongé vertigineusement depuis le printemps 2007 en perdant plus de 80 % de leur valeur.


Ne restent que les veaux et les moutons de Panurge qui font confiance aux banques françaises.


Les marché, connaissant les règles de bonne gestion, ont réagi correctement, logiquement, rationnellement.


Comme ce sont les États qui sont en fait les prêteurs en dernier ressort, les rendements des bons des Trésors français et européens montent…

***


Mon µ est en fait l’inverse du ratio Tier 1 (comme l’explique très clairement ce document, cliquer ici pour lire).


La BRI (la Banque des Règlements Internationaux de Bâle) a défini des ratios critiques de capitalisation (ou d’endettement) que doivent respecter les banques des pays membres : le total de leurs dettes doit être inférieur à 12,5 fois le montant de leurs capitaux propres.


Cependant, les banques ont obtenu le droit de calculer ce ratio autrement (de façon à pouvoir en opacifier les méthodes de calcul) : c’est le ratio Tier 1 qui doit être supérieur à 8 %.


Normalement, ces deux ratios devraient être en concordance, or ils ne le sont pas car des banques profitent de l’opacité des méthodes de calcul du Tier 1 pour en falsifier les résultats à leur avantage.


Elles publient donc des ratios Tier 1 qui ne correspondent pas à la réalité pour tromper en particulier les investisseurs, ce qui constitue des délits très graves.


Pour obtenir un ratio Tier 1 de 8 % au 30 juin 2008, les capitaux propres de la BNP auraient dû être majorés de €84,8 milliards, ceux de la Société Générale de €42,6 milliards et de €72,5 milliards pour le Crédit Agricole, soit €200 milliards en tout !


Ce ratio Tier 1 ne sert à rien en fait car les règles sont contournées par un certain nombre de banques alors que le µ est incontournable (ou intruandable !).


Ainsi par exemple, d’après le document de l’OCDE (cf. mon billet précédent), le ratio Tier 1 d’UBS est dans les normes à 8,8 % alors que le µ est à 62,8 !


L’écart entre le µ et le ratio Tier 1 donne l’importance de la fraude réalisée par les banques. Elle est gigantesque au niveau européen.


Merci à l’honorable lecteur de mon blog (cf. les commentaires sur le billet précédent) qui a donné des indications importantes permettant de préciser ces points !


J’invite les lecteurs de mon blog à lire les commentaires (en particulier ceux qui sont signés Lupus) qui complètent très bien mes billets, sous une approche un peu différente.

***

 

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 18:06

Banques, multiplicateur µ et PIB


Les Américains définissent des normes (ou règles) de bonne gestion pour les entreprises.


Certaines normes sont propres aux banques car ce sont des entreprises d’un genre très particulier.


Ainsi par exemple, le total des dettes ne doit pas dépasser 10 fois le montant des capitaux propres (les chiffres étant tirés bien entendu ces comptes trimestriels certifiés).


Ce multiplicateur d’endettement de banque, que je désigne par la lettre µ (qui se trouve curieusement et fort opportunément sur le clavier de mon ordinateur !), leverage (levier) en anglais, est bien connu des gens de la Fed et Alan Greenspan y a consacré un certain nombre d’articles.


µ a pu être légèrement supérieur à 10 après la Seconde guerre mondiale aux États-Unis (jusqu’à 12) car les banques, bien gérées, jouissaient d’une certaine confiance (d’une confiance certaine même), ce qui n’est plus le cas maintenant.


Les dérapages de certaines banques comme Citigroup se voient très clairement dans ce µ qui a augmenté en passant de 12 (donc dans la norme) fin 2005 à 14,7 fin 2006 et 18,3 fin 2007, pour redescendre vers la nouvelle norme à 11,9 à la fin du 4° trimestre 2008,

Tableau 1 :

Citigroup

 

 

2004

 

 

2005

 

 

2006

 

 

2007

 

 

2008

 

 

Total liabilities

 

 

1 375

 

 

1 382

 

 

1 765

 

 

2 074

 

 

1 794

 

 

Equity

 

 

109,3

 

 

112,5

 

 

119,8

 

 

113,4

 

 

150,8

 

 

µ

 

 

12,6

 

 

12,3

 

 

14,7

 

 

18,3

 

 

11,9

 

 


Ces données confirment mes observations du dérapages de l’agrégat monétaire M3-M2 à partir de 2005.


Les chiffres en fin de trimestre donnent des informations plus précises,

Tableau 2 :

2007Q1

 

 

2007Q2

 

 

2007Q3

 

 

2007Q4

 

 

2008Q1

 

 

2008Q2

 

 

2008Q3

 

 

2008Q4

 

 

1 899

 

 

2 093

 

 

2 231

 

 

2 074

 

 

2 072

 

 

1 964

 

 

1 924

 

 

1 794

 

 

121,9

 

 

127,6

 

 

127,0

 

 

113,4

 

 

128,1

 

 

136,4

 

 

126,1

 

 

150,8

 

 

15,6

 

 

16,4

 

 

17,6

 

 

18,3

 

 

16,2

 

 

14,4

 

 

15,3

 

 

11,9

 

 


Le dérapage s’est accentué en 2007 pour culminer en fin d’année.


Citigroup est la banque qui a enregistré les dépréciations les plus importantes avec plus de $50 milliards, ce qui lui a permis finalement de sortir du gouffre tant bien que mal.


Ce µ est bien connu des économistes anglo-saxons.


Paul Vreymans, l’un des économistes de Work For All m’a signalé une étude de l’OCDE, cliquer ici pour la lire (voir en particulier le tableau 4 page 14 reproduit ci-dessous), qui l’a calculé pour les banques des pays membres.


Les 34 banques qui ont les µ les plus élevés sont toutes européennes. Aucune n’est américaine !

Tableau 3 :


Cliquer ici pour agrandir le tableau.


Autre norme importante : le total des dettes d’une banque ne doit pas dépasser 10 % du montant du PIB, sinon, en cas de défaillance, la situation est irrattrapable.


On retrouve là encore des dépassements impressionnants de la part de banques européennes, en particulier d’Islande, fatals pour le Tigre celtique, et même les petits Suisses ont été pris au piège avec UBS et Crédit Suisse ! alors que les banques privées s’en sortent bien.


Cette étude exhaustive de l’OCDE confirme mes conclusions à partir d’un petit nombre d’établissements français, européens et américains.


Le tsunami que je craignais pour l’Europe est de plus en plus probable.


Ces ratios sont très simples, tout est simple disait Milton Friedman ! et très pertinents.


Le manque de culture économique et financière est le plus gros problème en Europe…


Ce billet complète celui du 19 octobre : Le multiplicateur de banque µ, cliquer ici pour le lire.

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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 12:17

Obamal


Barack Obama a annoncé un changement très important, et relativement inattendu de la politique économique menée par les États-Unis : il a décidé de mettre fin à la politique de W. qui consistait à tirer tous les avantages de l’ouverture avec la Chine…


Les Chinois vivant dans les campagnes avaient une productivité très faible qu’ils augmentaient considérablement en allant travailler dans des usines fabriquant des produits exportés principalement aux États-Unis.

Les Américains pouvaient ainsi bénéficier de produits à faible coût, donc à des prix très inférieurs à ceux qui étaient fabriqués auparavant aux États-Unis.


Globalement, c’est à dire en considérant l’ensemble constitué par les États-Unis et la Chine, tout le monde était gagnant : les Chinois bénéficiaient d’une forte croissance et de l’augmentation de leur niveau de vie, les Américains bénéficiaient de produits à bas prix qui leur permettaient d’augmenter leur niveau de vie avec une inflation très faible.


En effet, les entreprises américaines pouvaient limiter jusqu’à présent les revendications salariales (donc l’inflation) en menaçant de délocaliser leur activité et effectivement les salaires réels stagnaient alors que les bénéfices des entreprises augmentaient.


Alan Greenspan
était le plus ardent défenseur de cette politique économique qui a assuré la richesse des Américains mais qui a eu l’inconvénient d’imposer des changements mal acceptés, en particulier de nécessaires restructurations dans l’industrie avec au moins 5 millions d’emplois supprimés au cours des années W.


Ainsi, dans les entreprises industrielles fabriquant des biens durables, les emplois qui étaient de l’ordre de 10 à 12 millions sont tombés à 8,1 millions, cliquer ici pour voir le graphique de notre ami Fred de Saint Louis (All Employees: Durable Goods Manufacturing), et pour les biens non durables, de 7 millions à 4,8 millions, cliquer ici pour voir le graphique.


La politique d’Obama va permettre de sauver des emplois dans l’industrie américaine mais au prix du retour de l’inflation et au détriment des bénéfices des entreprises américaines pour le plus grand bénéfice des syndicats, sans augmentation du niveau de vie réel des Américains.


Les marchés, du moins les bons spéculateurs, ont tout de suite réagi : les capitaux sont sortis des Treasuries à échéances longues (les Notes à 10 ans et les Bonds à 30 ans) dont les prix ont baissé et les rendements ont augmenté brusquement dans les 3 jours qui ont suivi le discours de l’investiture d’Obama le mardi 20 janvier,

Graphique 1 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La hausse des Notes et Bonds s’est transmise immédiatement en Europe où les rendements des bons des Trésors ont bondi pendant ces 3 jours, les bons italiens étant déjà presque à 5 % !

Graphique 2 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La politique d’Obama va faire mal, très mal : les heureux Euro-zonards dont les dettes publiques sont considérables bénéficiaient de taux historiquement très bas mais ils sont en train de monter à des niveaux très hauts.


La situation sera d’autant plus grave que tous les gouvernements européens augmentent leurs dettes publiques avec des plans dits de relance.


Le retour de l’inflation a été bien anticipé par les marchés, du moins par les bons spéculateurs qui ont investi dans l’or dont les cours ont augmenté de 8,8 % pendant ces 3 jours en passant de $827 le 20 janvier à $900 vendredi 23 (la tendance était baissière auparavant avec un point bas atteint de 14 janvier à $811).


Les deux indicateurs, l’or et les rendements des bons des Trésors, sont en concordance : ces marchés révèlent les tendances lourdes, de fond du retour de l’inflation.


Les placements de père de famille (les bons des Trésors) seront, comme pendant les années 60-70, perdants avec le retour de l’inflation, les indices d’actions vont remonter ainsi que l’or qui est toujours la valeur refuge de prédilection en pareilles circonstances.


Les journaleux et bonimenteurs qui craignaient la déflation, très à la mode ces derniers temps, auront une fois de plus montré leur incompétence.


Les années Obama seront terribles, horribles, pour les concurrents des Américains : les Européens et les Chinois en particulier.

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 10:00

Éléphants, veaux et moutons


Les éléphants qui spéculent bien (c’est à dire qui voient bien l’évolution des marchés pour les mois à venir et les risques de tsunamis) vendent des Notes à 10 ans (les prix baissent, les rendements montent, aux alentours de 2,6 % en séance le jeudi 22 janvier) pour acheter des actions de sociétés sous cotées.


L’encéphalogramme des moutons de Panurge est plat comme les rendements des Bills : ils se cassent les pattes en se précipitant tous sur des valeurs qui prennent 20 à 30 % un jour pour les perdre le lendemain,

Graphique 1 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Ce sont des réactions excessives à la suite d’informations positives ou négatives et non pas de la volatilité car la volatilité correspond à des réactions erratiques, sans relations de causes à effets.


Depuis le 16 décembre (lorsque la Fed a baissé son taux de base à zéro, seconds points verts), les marchés sont dans la même configuration qu’après le 18 mars 2008 (premiers points verts) quand la Fed a baissé son taux de base, ce qui marquait le retournement de la tendance baissière, avec une différence cependant : les moutons de Panurge ne réagissent pas encore dans le bon sens,

Graphique 2 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Si tout va bien, c’est à dire si des Musulmans ne lancent pas d’attaques majeures quelque part dans le monde au cours de ces prochains mois, la tendance haussière devrait se poursuivre pour la plus grande satisfaction de l’équipe d’Obama qui n’y est pour rien car ce sont W. et B-2 qui ont fait tout le sale boulot !


Les rendements des bons allemands évoluent peu car la Vieille Europe est très handicapée par ses déséquilibres fondamentaux,

Graphique 3 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Les rendements du Bund à 10 ans remontent, non pas à la suite de la baisse des taux de la BCE, mais de la montée des Notes à 10 ans !


Les rendements des bons à 10 ans des pays du Club Med montent, mais pas pour les mêmes raisons que les Notes américaines car les éléphants craignent un tsunami : ils vendent de préférence des bons de ces Trésors dont les prix baissent.


L’écart entre les rendements des bons à 10 ans des Trésors français et allemands reste très élevé à 18,9 % le jeudi 22 janvier en fin de séance américaine (proche du record de 20,8 %),

Graphique 4 :
 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Les Italiens planent toujours : à 53,6 % (leur record étant à 56,2 %),

Graphique 5 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Tout est simple, disait Milton Friedman.

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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 11:35

Tendances lourdes et fluctuations


Il est essentiel de distinguer rapidement les tendances lourdes des fluctuations, ce qui est parfois délicat...


La tendance lourde baissière s’est effectivement retournée avec la baisse des taux de la Fed à zéro le 16 décembre 2008 comme je l’avais bien identifié dès le… 23 décembre, cliquer ici pour lire mon billet : Le beau cadeau de Noël de B-2, et les suivants.


En effet, les rendements des Notes à 10 ans ont alors atteint leur point bas historique (2,06 %) pour commencer à remonter, ce qui signifie que des capitaux sortent de leur refuge depuis cette date pour s’investir en actions sous cotées,

Graphique 1 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Pour l’instant, seuls les gros éléphants qui sentent venir de loin le retour des bonnes affaires, c’est à dire les bons spéculateurs sur les Notes à 10 ans, ont bougé.


Les rendements des Treasuries à plus courte échéance sont restés à un bas niveau, ce qui signifie que les mauvais spéculateurs qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez n’ont pas encore réagi positivement, en désordre, ce qui explique les fortes fluctuations.


Les rendements des Notes à 10 ans ont commencé à remonter en fluctuant pour se diriger vers leur bande normale des 4 %, les autres Treasuries suivront ce mouvement,

Graphique 2 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La structure des taux est identique des deux côtés de l’Atlantique, mais à un niveau supérieur pour les taux européens,

Graphique 3 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Les réactions sur les bons du Trésor allemand sont plus molles car la Vieille Europe est engluée dans son socialisme du XXI° siècle,

Graphique 4 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La reprise est en route aux États-Unis.


Barack Obama promettait de tout changer, très vite, mais Timothy Geithner vient de faire exactement les mêmes déclarations que son prédécesseur : le plan de relance de $800 milliards ? Ah oui, on va en discuter, rien ne presse, dans quelques semaines on va en proposer une nouvelle version…


La croissance sera repartie avant le début de la mise en route de ce plan de relance.


La Vieille Europe échappera peut-être au pire grâce au retour de la croissance américaine, mais ce n’est pas certain vu l’état de délabrement de ses fondamentaux.

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 22:21

Ayez confiance !


Nous fonçons droit dans le mur. Ayez confiance ! On ne meurt qu’une fois.


Les gérants de capitaux les récupèrent, surtout ceux qui étaient placés en bons du Trésor français à 10 ans pour les réinvestir aux États-Unis : les prix des contrats baissent, les rendements montent (3,618 %) par rapport aux bons du Trésor allemand (2,995 %).


L’écart entre ces rendements vient d’atteindre un nouveau record à 20,8 % ce mercredi 21 en fin de séance américaine,

Graphique 1 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Cet écart augmente depuis le début des désordres dans les produits dérivés, fin juin 2007,

Graphique 2 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Cet écart a battu son record pour atteindre 56,2 % pour les bons italiens (4,679 %),

Graphique 3 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


La tendance est bonne aux États-Unis : les rendements des Notes à 10 ans montent, à 2,53 % ce qui signifie que les capitaux commencent à quitter les Treasuries pour s’investir en actions,

Graphique 4 :

 

Cliquer ici pour agrandir le graphique.


Il est intéressant de remarquer que les agences de notation n’ont dégradé les notes de quelques pays du Club Med que récemment alors que les problèmes étaient perceptibles depuis plus d’un an, ce qui montre une fois de plus qu’elles ne sont pas fiables (elles ne servent à rien).


Seule l’analyse économique de Reaganomics permet d’anticiper correctement les évolutions et la spéculation gagnante.


Les années Obama seront terribles pour les adversaires et concurrents de l’hyper puissance américaine (comme disait notre regretté Chirak).

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