Réfléchissons un peu…
Depuis toujours, les gens de la Fed surveillent attentivement le secteur bancaire à partir de divers indicateurs, en particulier les dettes des banques par rapport à leurs capitaux propres et par rapport au PIB, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
Graphique
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Ils savaient donc très bien que les banques européennes ne respectaient plus les règles prudentielles élémentaires depuis longtemps et qu’elles étaient donc devenues très vulnérables.
Un choc mondial est fatal pour les pays dont les banques ne respectent pas ces règles car le blocage des capacités d’emprunt des banques entraîne celui de l’économie dans son ensemble.
Pour Alan Greenspan comme pour tous les dirigeants américains, les États-Unis doivent rester le leader du monde libre… en affaiblissant leurs adversaires et leurs concurrents, en particulier européens surtout quand certains de leurs dirigeants manifestent un antiaméricanisme viscéral comme notre Chirak lorsqu’il lançait ses diatribes contre l’hyper puissance (c'est la stratégie du désordre).
Ce choc s’est produit avec l’augmentation du prix du pétrole et le coup de poker de W. (c’est sa grande spécialité) au sujet d’une intervention militaire en Iran qui a pris tout le monde (ou presque) à contre pied.
Le piège diabolique et fatal est maintenant refermé.
C’est trop tard pour redresser la situation car les fondamentaux sont mauvais dans toute l’Europe, y compris en Helvétie.
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Qui est responsable de cette situation ?
Première réponse : d’abord les dirigeants des banques européennes qui ont constamment triché depuis des années en manipulant des ratios Tier de plus en plus éloignés de la limite réelle.
Ainsi par exemple, le montant des capitaux propres d’UBS représentait 1,0 % du total des dettes à la fin du 1° trimestre 2008 alors que la limite maximale à ne pas dépasser est de 8 % (le fameux ratio Tier d’origine), la plupart des banques françaises ont un ratio Tier en réalité de l’ordre de 3 % en le calculant par le rapport des capitaux propres sur le total des dettes.
Deuxième réponse : les dirigeants des banques centrales, car ce sont eux qui sont chargés de surveiller le système bancaire.
En effet, il ne faut pas se faire d’illusions, les dirigeants des banques sont comme la plupart des hommes : ils ne respectent rien ni personne, seul compte leur intérêt personnel et ils sont prêts à tout pour le maximiser, y compris à faire plonger leur pays au plus profond du gouffre.
Dans ce cas, il faut des autorités chargées de défendre les intérêts nationaux.
Le boulot de Joe le plombier, c’est la plomberie, ce n’est pas de surveiller les ratios de sa banque, ce qui est le travail ordinaire des dirigeants des banques centrales or ils ne l’ont pas fait (ils auraient dû le faire en collaboration avec leurs gouvernements car certaines règles doivent être retranscrites dans des lois).
Troisième réponse : l’ensemble de la communauté financière et économique…
Les agences de notation auraient dû dégrader les notes des banques européennes, ce qui aurait permis d’alerter les investisseurs, or elles ne l’ont pas fait pour ne pas porter préjudice aux banques qui sont leurs clients !
Elles ont perdu tout ce qui restait de leur crédibilité.
Les analystes financiers sont chargés… d’analyser les comptes des entreprises qu’ils suivent, or ils n’ont rien vu, là aussi par connivence avec leurs chers amis banquiers qui les couvrent de cadeaux.
Ils font partie de ceux que j’appelle les bonimenteurs.
Bien entendu, les journaleux en ont rajouté une couche.
Résultat : par Panurgisme, personne n’a rien vu !
Pour aggraver le tout, les dirigeants des banques et de la Banque de France disent : faites nous confiance, fermez les yeux !
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Le total des dettes des banques est considérable mais il est normal comme l’a fort bien analysé Alan Greenspan (et comme je l’ai déjà expliqué à mainte reprises).
En effet, l’argent gagné et épargné doit être prêté pour assurer la croissance optimale.
Ainsi par exemple, il est normal que les dollars gagnés par les émirs des pays producteurs de pétrole soient placés dans des banques helvètes qui ont la réputation d’être solides et pérennes (c’était le meilleur refuge du monde à long terme pour les capitaux).
Ces banques reçoivent des dépôts considérables (qui sont pour elles des dettes considérables dans leur bilan) qu’elles vont investir judicieusement.
Le problème est qu’il aurait fallu qu’elles augmentent leurs capitaux propres de façon à respecter les ratios d’endettement (Tier) et que leur expansion soit limitée de façon à ce qu’aucune d’entre elles ne dépasse la limite de 10 % du PIB helvète.
Or ces deux règles n’ont pas été respectées, là est l’erreur monumentale et fatale de la Banque Nationale Suisse.
Dans tout ce processus, il n’y a pas de création monétaire car l’argent gagné est prêté.
Il n’y a pas d’argent non gagné (la gestion de la masse monétaire par la BNS est parfaite).
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Pour ma part, je n’ai pas suivi ces ratios bancaires car il était admis depuis plus de 50 ans que les banques centrales, et surtout la Fed, surveillaient toujours très bien ce secteur.
En effet, la faillite d’une grande banque ne doit jamais se produire car elle aurait des conséquences trop graves pour leurs clients et la nation.
Les ratios des banques américaines comme Citigroup sont revenus maintenant dans les normes.
Tout va bien, aux États-Unis du moins.
J’avais bien identifié la création monétaire provenant du non enregistrement des engagements de retraite en France en particulier, et je pensais qu’il s’agissait là du problème le plus grave.
En fait, le dérapage des banques s’est produit avant le tsunami des retraites.
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