Croissance française et argent sain
Le taux de croissance du PIB réel de la France a été de 2,4 % en rythme annualisé au 4° trimestre 2009.
C’est largement supérieur au taux de croissance des autres pays de la zone euro recalculé sans la France qui a… baissé de 1,6 % au 4° trimestre 2009 (en rythme annualisé), d’après Gilles Moec, économiste à la Deutsche Bank.
Certes, la croissance en France est tirée par celle des Etats-Unis mais il devrait en être de même dans les autres pays européens.
Malheureusement, la surperformance de la France s’explique en grande partie par l’hypertrophie de la masse monétaire qui se voit dans la part anormalement élevée de M1 par rapport au PIB : près de 50 % au niveau de la zone euro et aussi en France, contre 10 % environ aux Etats-Unis,
Graphique 1 :
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Depuis la création de l’euro système, M1 aurait dû baisser pour tendre vers les 10 % comme aux Etats-Unis au lieu d’augmenter.
Cette hypertrophie est considérable : M1 se monte maintenant à près de 5 000 milliards d’euros dans la zone euro contre un peu moins de $1 700 milliards aux Etats-Unis,
Graphique 2 :
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Le mécanisme de cette création monétaire en France est simple : les engagements de retraite n’y sont pas comptabilisés, ce qui est totalement contraire aux règles comptables élémentaires (toute créance doit être enregistrée à partir du moment où elle est due).
Ainsi, une partie de l’argent qui est distribué sous forme de salaires ne devrait pas l’être : cet argent devrait être épargné et mis en réserve dans des fonds de pension où il devrait être investi en particulier en valeurs mobilières (sous forme d’actions et d’obligations), c’est-à-dire en valeurs non monétaires, comme c’est le cas aux Etats-Unis et dans une moindre mesure dans certains pays de la zone euro comme les Pays-Bas et l’Allemagne.
Il y a une double distribution d’argent : d’abord sous forme de salaires, et ensuite sous forme de créances sur des retraites qui ne sont pas provisionnées. Ainsi, de l’argent non gagné est massivement distribué.
Or l’argent sain est le premier pilier des Reaganomics. C’est la condition nécessaire et indispensable pour que la croissance soit durable (sur des décennies) et c’est la raison pour laquelle les gens de la Fed sont absolument intraitables : il n’est pas question de laisser filer la masse monétaire car ce serait alors la fin de l’Amérique.
Pour éliminer les départs d’hypertrophie monétaire, la Fed augmente généralement son taux de base, ce qui crée des récessions plus ou moins importantes qui éliminent finalement l’argent non gagné.
Qui est responsable de l’hypertrophie de la masse monétaire en France ?
D’abord et avant tout les gens de la banque centrale, car ce sont eux qui sont chargés de la surveillance des problèmes monétaires qui sont quand même assez délicats à comprendre pour les citoyens ordinaires !
Malheureusement, ces gens de la Banque de France sont complètement incompétents en la matière car ils n’ont aucune culture monétariste. En son temps, le général de Gaulle s’était vivement opposé à leur clan traditionnellement antilibéral en imposant Jacques Rueff pour remettre les comptes de la France en ordre, ce qui a grandement contribué à la croissance dans les années 60 et 70.
Ensuite, les comptables et surtout les dirigeants de leurs organisations (et en particulier René Ricol) portent une lourde responsabilité car il s’agit là de l’un des fondements de leur travail.
Enfin, c’est toute la communauté politique, économique et financière française qui est responsable en ne retransmettant pas les informations qui sont pourtant facilement accessibles par internet.
Les Français sont donc finalement bien responsables de leurs propres erreurs.
Michel Pébereau avait pourtant clairement bien évalué en 2004 le montant des retraites non provisionnées qui s’élevait alors à 3 fois le PIB annuel de l’époque. D’après Charles Gave, l’ardoise se monterait maintenant à 4 fois le PIB.
Les agences de notation refusent de prendre en considération ces chiffres pour ne pas déplaire à leurs clients que sont les Etats : Standard & Poor’s a même certifié les comptes de la SNCF qui transmettait une centaine de milliards d’euros de dettes d’engagements de retraite non provisionnés à la charge de l’Etat sans comptabiliser cette somme dans les dettes publiques !
Une remarque : les gens de la Banque de France refusent de publier les chiffres de M1 pour la France car ce sont des données qu’ils considèrent comme étant confidentielles alors que les autres banques centrales de la zone euro publient ces chiffres !
Toutefois, la part de M1 dans le PIB est peu différente de celle de M1 dans le PIB de la zone euro car il y a aussi d’autres dérapages monétaristes dans d’autres pays de la zone euro.
Par ailleurs, la productivité horaire par personne très élevée explique aussi le taux élevé de la croissance du PIB en France comme je l’ai écrit précédemment.
Ce billet reprend ce que j’ai déjà écrit à ce sujet en actualisant les données. Toujours aucune réaction de la part des Français, à part les honorables lectrices et lecteurs de mon blog qui comprennent ces concepts…
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Encore un dysfonctionnement ches OverBlog : les commentaires ne s'affichent pas !
L'un d'eux est pourtant intéressant :
Extrait du commentaire:
Les hommes politiques français sont responsables de l'état désastreux de la France. Alors ils essaient de détourner l'attention. Ils disent : "Regardez les pays du sud de l'Europe ! Leur situation
est bien pire !"
Le Canard Enchaîné, 17 février 2010, page 2 :
Sarkozy craint surtout un effet domino en Europe, comme il l’a confié aux mêmes visiteurs : « Le problème grec n’est pas encore réglé. La situation de l’Espagne et du Portugal est inquiétante, et
celle des finances de l’Italie est préoccupante. Il ne faudrait pas que tout s’effondre, parce que la crise de 29, ce serait de la rigolade à côté. »
Cette poussée d’angoisse de Sarkozy s’explique mieux lorsqu’on mesure les risques pris par les banques françaises dans ces pays. En Grèce, les établissements financiers hexagonaux, le Crédit
Agricole notamment, sont en première ligne. En Espagne comme au Portugal, ils se situent au second rang.
Un seul chiffre permet de mesurer l’ampleur des dégâts possibles : l’exposition des banques françaises en Espagne atteint presque 180 milliards d’euros, selon la Banque des Règlements
internationaux.
L’addition risque d’être aussi épicée qu’un plat méditerranéen.